Garder au coeur le désir de l’été

Garder au coeur le désir de l’été

Evelyne ChauvetLaurent Danon Boileau, Jean-Yves Tamet

Editions In Press, 2020

Bloc-notes

Garder au coeur le désir de l’été

Dans le poème Les Justes, mis en épigraphe de ce beau livre qui porte pour titre Garder au cœur le désir de l’été. Récits de réinventions de soi, Jorge Luis Borges, évoque tous ces hommes et ces femmes qui illustrent, avec leurs petits gestes de la vie quotidienne, que la vie tient plus aux bonheurs fugaces et parfois infimes, qu’à un quelconque Bonheur tout fait, idéal et à atteindre un jour. Le poème est constitué par une énumération belle et délicate, de par sa simplicité, des actions de ces hommes et ces femmes ordinaires qui, en les réalisant, persistent à croire, s’acharnent à vivre et, sans le vouloir, sans le savoir, assurent pourtant la continuité du monde. « Tous ceux-là, qui s’ignorent, sauvent le monde », dit le dernier vers, dans la traduction qui nous est proposée. Dans la version originale en espagnol, en fait, l’action se réalise dans un présent qui persiste à se rendre présent : « Ces personnes, qui s’ignorent, sont en train de sauver le monde » (« Esas personas, que se ignoran, están salvando el mundo »). À l’instant même que nous vivons, au moment même où nous lisons ce livre ou écrivons ces mots, des êtres – inconnus de nous et sans le savoir eux-mêmes – sauvent et nous sauvent le monde.

Et s’ils venaient à disparaître ? Et si ces hommes et ces femmes ne correspondaient pas aux trente-six Tsadikim -  les « justes cachés » que certains critiques ont voulu voir dans le poème de Borges - mais à des présences en nous, aux personnages d’un théâtre plus intime, plus privé, qui parfois quittent la scène et disparaissent ou s’égarent, se taisent en tout cas, ne disent plus leur texte et ne répondent plus à notre appel ? Et…

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