Quelle époque vivons-nous ?
Quelle période de son histoire la psychanalyse traverse-t-elle ?
C’est à ces questions que répond le dernier livre de Laurence Kahn, Ce que le nazisme a fait à la psychanalyse, qui met le présent de la clinique et des concepts psychanalytiques face à leur histoire.
Pour savoir où je suis, je regarde d’où je viens.
On ne fait pas, ou plus assez d’histoire en psychanalyse. Revenir à la psychanalyse comme mouvement, traversé par des crises, et particulièrement celles de l’histoire contemporaine, est le parti-pris de Laurence Kahn dans ce livre comme dans les précédents. La psychanalyse appartient au XXème siècle et est nouée à son destin. Nous n’avons pas encore mesuré les conséquences de ce nouage, précisément parce que l’histoire et son écriture sont faites de conceptions, d’oubli et de mémoire, de latences. Si l’histoire de la psychanalyse est marquée par des tendances, des avancées et des échecs - de la névrose aux pathologies traumatiques - il s’agit ici de penser comment ces périodes se succèdent, et ce qu’elles doivent à la culture qui les fondent.
C’est sans doute sa formation d’helléniste et sa connaissance intime de la fonction de la tragédie dans la culture qui donnent à la pensée de Laurence Kahn un pli toujours polémique. Puisque nous avons rencontré le Mal dans l’expérience de l’extermination des Juifs d’Europe pendant la Seconde guerre mondiale, il convient de rappeler en premier lieu l’affinité profonde de la psychanalyse et de la tragédie dans une certaine façon de soigner le mal par le mal. On le sait depuis Le psychanalyste apathique et le patient postmoderne, la visée actuelle de Laurence Kahn est, dans le paysage psychanalytique, le développement croissant du paradigme traumatique qui ont pour effet de privilégier les méthodes empathiques et compréhensives. Au…
Déjà abonné ?
Les abonnements Carnet Psy
