Introduction
À partir des années 1950 les psychanalystes se sont intéressés à ces cas difficiles, qui sous l’apparence d’une adaptation à la réalité rappelant la névrose, présentent au décours de la cure, des transferts délirants voire des psychoses de transfert. Le clinicien en vient à découvrir un monde psychique chaotique, conjuguant catastrophes, hémorragies émotionnelles, drames puis « miracles », sentiments d’impuissance, états de détresse, passions et échecs répétés. D’un point de vue épistémologique, il est intéressant de relever que c’est à partir de ce que l’on nomme « réaction thérapeutique négative », qu’a été dégagé le trouble borderline de la personnalité. Drôle de définition à l’origine de l’état limite : on aurait affaire à un sujet résistant à la méthode analytique classique, à un cas « aux limites de l’analysable » parfois même devenu une contre-indication à l’analyse.
On sait que c’est surtout aux États-Unis, au sein du courant de l’Ego Psychology, qui soutenait le paradigme idéologique d’un Moi fort, que l’épistémologie de la pathologie borderline a trouvé une belle expansion au cours des années 1950, années d’après guerre, faisant des États-Unis les gendarmes du monde. Dans un tel contexte, il importe que le Moi soit fort, protecteur, stable et fiable, à l’image de la super puissance. Et si les assurances professionnelles peuvent alors prendre en charge financièrement une bonne part des cures, on peut imaginer sans trop d’efforts ce qui est attendu en retour de la psychanalyse : qu’elle permette au Moi de l’assuré de retrouver force, unité, cohérence et adaptation créative garantissant des performances optimales de productivité. Enfin, et ce n’est pas un détail, rappelons qu’aux États-Unis, le titre de médecin est exigé par les sociétés analytiques pour pratiquer l’analyse. On entend là comment l’idée de guérison, qui passe volontiers pour être…