Le livre d’A. Ciavaldini est une somme. Très dense, il synthétise le long et sinueux parcours qui a abouti à la mise en place du dispositif de prise en charge d’auteurs de violences sexuelles (AVS) que le législateur a avalisé dans ses préconisations. Il en a été l’initiateur autant sur les plans théoriques que pratiques.
Il fallait tout inventer : sortir du carcan qui enfermait tout AVS dans le diagnostic sentencieux et définitif de pervers sexuel, pour entrer dans la complexe et difficile approche psychopathologique pour comprendre les dérives sexuelles des sujets. Les conséquences pratiques en étaient le passage, de la coercition à la prise en charge thérapeutique, de l’acte punitif à l’acte de soin. Or ce qu’on appelle le soin relève de procédures très éloignées les unes des autres selon qu’on se situe du côté de l’abrasion du symptôme (conditionnement, castration chimique, etc.) ou du côté d’une approche globale du sujet dans le but de le voir remanier son organisation psychique qui le poussait au passage à l’acte.
Cette dernière approche relevait d’un véritable défi, car elle soulevait, nous le verrons, de multiples questions d’ordre à la fois technique et éthique ou même logique.
Un des grands pionniers fut Claude Balier, psychiatre des prisons et psychanalyste. A. Ciavaldini, reconnaissant pleinement la paternité de son travail, décrit en quoi il fut fondateur. Sa longue pratique auprès des AVS dans les prisons l’amena à réfléchir sur leur personnalité, avec, pour le dire très vite, leur tendance à la répétition et aux addictions sexuelles dans un contexte de processus de mentalisation défaillant ou inachevé, convoquant la notion de liens précoces, et induisant ce qu’il appelle des « recours à l’acte » comme tentative de…
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