Dans un pays comme la France - mais sans doute ailleurs également - on a longtemps pensé, et ceci pendant toute la première moitié du 20e siècle encore, que s'occuper de bébés et de très jeunes enfants privés de famille et placés en institution ne requérait au fond que l'intervention de personnes généreuses, le plus souvent des femmes, douées de composantes maternelles chaleureuses et spontanées.
On sait aujourd'hui qu'il ne s'agit là que d'une vision simplificatrice, profondément fausse et surtout dangereuse dans la mesure où une dimension purement réparatrice s'avère généralement très nocive pour le développement psycho-affectif de l'enfant, c'est-à-dire pour sa croissance et sa maturation psychiques.
Une expérience, comme celle menée depuis maintenant plus de cinquante ans à l'institut Pikler-Lóczy de Budapest, a constitué pour nous une véritable révolution dans nos modes de pensée à ce sujet et c'est pourquoi, personnellement, en tant que président du groupe Waimh francophone depuis 1994, j'ai ouvré pour que les travaux conduits dans cet institut, l'approche clinique et la vision du soin aux enfants qui s'y trouvent soutenues, puissent recevoir au sein de notre groupe français une place et un écho à la mesure de leur importance.
Pendant de longues années, les psychanalystes ont pu sans doute ne pas se sentir très concernés par la question des jeunes enfants vivant en collectivité. Une étape importante s'est ensuite jouée, pendant et au décours de la seconde guerre mondiale, avec les travaux d'Anna Freud, de Dorothy Burlingham, puis de René Spitz sur les effets des carences de soins, au sein de certaines pouponnières, sur la mise en place de la psyché et sur la genèse des relations d'objet.