Je profite du thème de ce colloque pour revenir sur une thèse qui m’est chère depuis une bonne quinzaine d’années à savoir celle de l’archaïque génital, titre assez provocant sur lequel je vais chercher à m’expliquer. Pierre Mâle rapprochait déjà l’expérience du jeune enfant (et non du bébé) et l’expérience pubertaire. Pourrais-je aller plus loin que celui qui fut en son temps mon analyste ?
La force pubertaire est à la fois une reprise des origines et un commencement dont la source est l’irruption de la génitalité. Ce que j’appelle de façon spécifique le stade génital. La nouveauté peut être source de chaos, en psychopathologie nous le savons bien, et/ou source de la création adolescente que nous nommons aujourd’hui subjectivation. Je vais esquisser un parallèle, (en sa définition géométrique) dans la mesure où sexualité infantile et pubertaire convergent vers l’horizon qui est celui de l’élaboration subjectivante. L’affaire n’est pas conclue tout de suite, cette convergence n’étant pas présente au début de la puberté. Mais après un long séjour que l’on appelle adolescence, travail de surf assurément qui peut exister tout au long de la vie, harmonieux ou pas.
L’archaïque génital, retrouve les fonctionnements psychiques du bébé : incorporation, excorporation, déni, projection, identification projective, retournement en son contraire, confusion de l’investissement et du plaisir de l’objet etc. Il est difficile de les penser dans les adolescences harmonieuses, faciles, simplement conflictuelles, œdipiennes, (même si le ménage à trois à l’adolescence est plus compliqué que dans l’enfance). Le retour de ces mécanismes, après la prédominance des processus de latence est une surprise. En tant que psychanalystes d’enfants nous savons néanmoins que l’enfant gardait encore des capacités régressives considérables. Voilà le coup pubertaire qui échappe à l’infinie répétition, l’éternel retour ; voilà…