Le concept psychanalytique du sadomasochisme a un rôle essentiel dans la compréhension de l’altérité à l’objet et de ses mécanismes sous-jacents. Dans cette perspective, nous explorerons la manière avec laquelle la clinique de la dépendance addictive alimentaire, que nous associons au Trouble du comportement alimentaire (TCA), intègre le sadomasochisme et l’accès au plaisir afin d’enrichir notre compréhension de la psychopathologie associée à ces actes.
Conduites addictives alimentaires. Moi troublé ou moi économe ?
En abordant le plaisir immédiat recherchépar « l’économie psychique de l’addiction » au produit (McDougall, 2001. p. 12), l’acte d’ingestion potentialise les attributs et les fonctions d’un objet à la qualité « transitoire » (ibid. p. 12), différent de l’objet transitionnel dans sa capacité à nier la séparation et à rejeter toute tentative d’introjection. De la sorte, une dépendance addictive insatisfaite se verrait assouvie par l’expérience subjective de plaisir immédiat, générée par l’ingestion des nutriments au cours de la pré-crise de l’acte alimentaire. Peut-on concevoir l’accomplissement de fantasmes sous-jacents situés dans l’intervalle du début et de fin de crise ? En quoi l’apport clinique du repérage et de l’attribution de la présence de fantasmes inconscients contribue-t-il à la compréhension du TCA ?
Dans l’attribution du diagnostic de TCA, nous soulignons la nécessité de considérer deux signes opérants manquants : la planification alimentaire et la conduite anticipatrice vis-à-vis du contexte social. Ces signes opérants se présentent cliniquement sous la forme d’achats excessifs de nourriture et de stockages justifiés par une crainte « de venir à manquer », en cas de crise prévisible ou inattendue. À titre d’exemples, on observe chez des patients enclins à des crises d’hyperphagies la nécessité de repérer le lieu de la crise et l’endroit destiné à produire l’acte de purgation et, chez d’autres, l’acte…
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