La relation réelle est organique et matérielle : nos cinq sens y sont impliqués. À l’opposé, une relation imaginaire confronte à des objets ou à des interlocuteurs avec lesquels nous n’avons aucun lien de sensorialité : elle est une forme d’illusion que crée notre conscience. La relation virtuelle est une troisième forme de relation, à mi-chemin entre les deux précédentes : l’objet ou la personne avec lesquels nous entrons en relation ne sont ni totalement absents comme dans la relation imaginaire, ni totalement présents comme dans la relation réelle. Ils sont présents par une image, figurative ou symbolique, avec laquelle il est possible d’établir tantôt une relation réelle et tantôt une relation imaginaire.
C’est ce que montre l’usage du site de vente en ligne eBay (Tisseron et coll., 2007). On y trouve de nombreux profils d’utilisateurs, mais tous se rejoignent sur un point : rien sur eBay n’est réel, tout y est virtuel, autrement dit susceptible d’être traité à tout moment comme réel… ou imaginaire. C’est à chaque fois une question de choix et d’usage, et cette ambiguïté concerne tous les aspects du site : les objets mis en vente, l’argent engagé dans les enchères et les relations avec les autres usagers.
1 – L’objet virtualisé
Le fait qu’un objet découvert sur eBay ne puisse pas être touché, mais qu’on puisse seulement en voir une image, facilite la mise en route de l’imaginaire. Alors que le tact est le sens le plus démystificateur, la vue est en effet le plus magique. Par exemple, après être entrée en possession d’une broche sur laquelle elle avait rêvé, une acheteuse se dit terriblement déçue de la trouver “plus petite” que ce qu’elle avait imaginé. Elle était la…