Il y a quelques années, une loterie promettait au gagnant de « passer à la télévision ». Depuis quelques mois, une autre assure son lauréat de « devenir une star ». Est-ce donc si agréable de voir son image partout? C’était le cas de Lady Diana, « la femme la plus photographiée du monde », avant que sa disparition ne transforme chacune des images destinées à nous faire rêver sa vie en ex-voto qui nous assure de sa mort. Certainement ne vivait-elle pas avec l’idée, très répandue au début de la photographie (et encore, paraît-il, chez certains « primitifs ») que les images qu’on prenait d’elle lui volaient un peu de son âme… Sa vie eût été insupportable. Mais pensait-elle seulement que ces images reflétaient quelque chose de son identité? Ne vivait-elle pas déjà en marge de son image, elle d’un côté et son image de l’autre, sans plus rien de l’illusion qui nous fait parfois rechercher une vérité sur nous-mêmes dans les photographies qui nous « représentent »? Au début du XXe siècle, nous avons du nous convaincre qu’on pouvait prendre des photographies de nous sans rien nous prendre. Nous devons aujourd’hui, pour aborder le monde des nouvelles images nous convaincre qu’elles ne nous reflètent même pas. Elles ne sont que des caprices de l’amour et du hasard, un peu comme les déformations de notre ombre lorsque nous marchons sous la lune… ou sous les sunlights.