Attaques du corps
L’attention de ce dossier se porte sur les modalités du travail psychique qu’impose la transformation corporelle (parfois radicalement étrangère au sujet et générant un vécu d’étrangeté), que celle-ci soit invisible ou donnée à voir. Il s’agit de réévaluer la place des sensations, des affects, des émotions dans la métapsychologie freudienne. Le caractère « limite » de la sensation en tant qu’expérience corporelle subjective résultant des échanges entre dedans et dehors, donne la possibilité d’explorer le vaste territoire de la psychopathologie clinique. L’appropriation subjective d’une sensation n’est pas concevable – pour la psychanalyse – sans engager un détour (ou retour) par l’autre. Les sensations somato-psychiques ont le pouvoir de sidérer, de destituer le sujet du sentiment de maîtrise et de contrôle de son environnement, voire de le rendre étranger à lui-même. La clinique des névroses phobiques et hystériques donne à percevoir comment la sensation – qu’il s’agisse de vertige, d’ivresse, de peur, de douleur somatique, de plaisir ou de dégoût – peut constituer une forme particulière d’état somato-psychique activement recherchée ou passivement subie par la conscience (que l’on pourra retourner du point de vue de logiques latentes).