La contrainte addictive : entre trouble de l'humeur et trouble des limites
La problématique addictive représente-t-elle un paradigme privilégié
pour éclaircir le mystère des fonctionnements limite ? Avec les
borderline, ne sommes-nous pas en effet toujours en présence d’un
narcissisme de débordement des limites à la fois corporelles et
psychiques, visibles parfois à l’œil nu mais se déployant également dans
les coulisses du monde inconscient ?
Un des maîtres-mots de l’addicté et du borderline n’est-il pas celui de
confusion ? Confusion entre tendresse et passion, enfance et âge adulte,
auto-érotisme infantile et l’Eros adulte, mais aussi entre les instances
psychiques, affect et sensation, sensation et hallucination, acte et parole,
mot et pensée, forme et informe, faim et amour, coup et après-coup, rêve
et réalité ? Confusion, enfin, entre remède et poison, quantité et qualité,
entre cru et cuit, masculin et féminin, plaisir-douleur et jouissance,
transitoire et transitionnel, entre esclavage et domination, entre interdit
et transgression, entre l’abîme des secrets transgénérationnels et
la platitude des familles monoparentales ? Est-ce pour cela que leur
univers s’associe parfois facilement avec le monstrueux et le grotesque,
qui eux aussi font fi des délimitations limpides ?