Evolution des moeurs
Éditorial

Evolution des moeurs

Nous avons tous été formés à l’écoute individuelle et à l’interdit de la rencontre avec le conjoint, préalable indispensable du travail psychothérapique avec la personne. Or, avec l’évolution des valeurs et l’affaiblissement du lien marital, la demande de  prise en charge des couples est de plus en plus fréquente, avec deux points particuliers de leur souffrance : les difficultés relationnelles, les difficultés intimes et sexuelles.

Première réponse spontanée que nous avons tous eue dans les années 1980 : rencontrer les couples de la même façon que nous rencontrions les sujets, c’est à dire dans une séance conjointe et souvent difficile. Certains ont poursuivi, d’autres se sont lassés, pensant qu’ils n’étaient pas faits pour cela. Depuis trois décennies, la structure familiale a profondément changé avec le passage de la société traditionnelle à la société moderne, l’avènement du sujet et la naissance du couple, dans les années 1970*. Or ce couple, aujourd’hui autonome, fait de deux sujets désirants, ne peut pas être pris en charge comme une seule personne, sinon au risque de n’y rien comprendre, pour eux comme pour nous. Car rien de l’intimité de chacun ne peut être évoqué dans un entretien conjoint.

Des solutions ont été tentées par les courants psychothérapiques, d’abord celui des thérapies familiales, mais le couple n’est pas une famille réduite à deux individus. Puis par les sexothérapies qui, elles, étaient centrées sur le symptôme sexuel et nécessitaient l’entretien singulier.

Les approches stratégiques et systémiques nous proposent aujourd’hui un modèle alternant les entretiens individuels et l’entretien conjoint, modèle qui a fait ses preuves, permettant d’accompagner le relationnel du couple comme son intimité. Mais cela brave encore, pour beaucoup, l’interdit de voir séparément chaque partenaire. Ce sont nos mours, à nous thérapeutes, qui doivent évoluer.