Le cas présenté ici est celui d’une jeune fille, Amandine, 10 ans présentant des symptômes de conversion somatique. Comme on le sait les symptômes de conversion somatique sont paradigmatiques de l’hystérie chez l’adulte. Dans un contexte de critérisation de la névrose dans les nouvelles classifications internationales, l’intérêt d’une approche psychodynamique reste essentielle. Elle permet, comme nous allons le voir, de soulever la question de la pertinence de la référence à la notion de névrose chez l’enfant et d’ouvrir le débat sur la différence entre le symptôme observable et l’organisation psychopathologique sous-jacente.
Présentation clinique
Amandine, 10 ans, est hospitalisée dans un service de neurologie pédiatrique pour des douleurs dans les jambes et une faiblesse musculaire : elle n’arrive plus à marcher. Elle ressent d’abord des douleurs dans la cuisse, puis au niveau des genoux et des chevilles. « Quand j’essaie de marcher, ça ne va pas, dit-elle, plus j’avance, plus j’ai des douleurs ». Elle a remarqué que quand elle avait mal à la jambe, son bras droit enflait. Ses douleurs sont apparues il y a quelques jours, brutalement, tandis qu’elle s’apprêtait à descendre des escaliers : elle a d’abord pensé à des courbatures. Hospitalisée une première fois en clinique en province, aucune anomalie n’a été détectée par les examens médicaux, et Amandine est rentrée chez elle avec des béquilles. Quelques jours plus tard, les troubles s’intensifient et nécessitent son immobilisation en fauteuil roulant. Une nouvelle hospitalisation est programmée et c’est à ce moment-là que je la rencontre.
Lors du premier entretien, elle se plaint de douleurs aux genoux, aux chevilles et à l’une des cuisses. Elle évite d’y penser, explique-t-elle, car d’habitude elle n’est jamais malade : « C’est peut-être pas si grave que ça,…