La petite sirène
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La petite sirène

Elle se tenait debout dans la salle d’attente. À peine assise, un flot de paroles jaillit. Elle parlait d’une voix à peine audible, avec un débit très rapide, saccadé, comme si une urgence la poussait à se livrer, peut-être à se libérer. Elle avait de nouveau voulu mourir, elle ne se sentait pas à sa place depuis des années, depuis l’année de ses 13 ans, l’année de ses premières règles qui la dégoûtaient et qu’elle subissait, mais aussi l’année où sa mère avait accepté qu’elle aille à l’internat. Malgré l’espoir de ne plus être tiraillée entre les semaines chez sa mère et les semaines chez son père, rien n’avait vraiment changé, les attaques méthodiques contre ce corps qu’elle détestait s’étaient amplifiées, elle se scarifiait tous les jours, plusieurs fois par jour. Ondine décrivait son urgence à se détruire, à trouver un exutoire, une issue à sa douleur de n’être à sa place ni dans son corps ni dans sa famille. Elle avait pourtant la solution à l’impasse dans laquelle elle se trouvait : elle voulait être un garçon avec un esprit de femme.

Le passage de l’adolescence à l’âge adulte s’accompagne pour les adolescents les plus fragiles d’achoppements dans le traitement de la perte inhérente à cet âge. Perte de l’idéal de tout ce qui pourrait se réaliser mais qui une fois « devenu grand » semble se dérober dans une confrontation cruelle à la banalité de son être et de l’existence. Perte aussi de figures parentales toutes-puissantes, porteuses de consolation et de réassurance. Perte enfin d’une bisexualité infantile apaisante permettant d’être l’un et l’autre des deux sexes et de n’avoir à choisir ni l’un ni l’autre mais qui à l’adolescence peut tourmenter, faute de n’être ni vraiment l’un ni vraiment l’autre. Les transformations pubertaires, l’avènement…

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