L’addiction entre resomatisation de l’affect, refoulement et “mémoire amnésique”
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L’addiction entre resomatisation de l’affect, refoulement et “mémoire amnésique”

Chez nombre de sujets addicts, la dépendance affective à l’objet externe - y compris l’analyste - sollicite des fantasmes d’intrusion, de pénétration, voire de proximité sexuelle teintée d’incestualité, provoquant une crainte à la fois d’emprise, d’aliénation mais aussi d’abandon. Une des multiples questions que nous posent ces sujets addicts est ainsi de comprendre les rapports entre ces deux dépendances : affective d’un côté, comportementale de l’autre dont les composantes dynamiques reposent la question du fondement narcissique dans laquelle s’enracine la dépendance, à savoir celle à l’objet primaire, à l’environnement, leurs vicissitudes, leurs défaillances, leur intrusivité.

Vues sous cet angle, les addictions apparaissent comme permettant une forme de resomatisation, re-sensorialisation par l’excitation, d’affects dont l’intensité dépasse toute associativité et utilisation de la représentation verbale, du « représentant-représentation » de la pulsion. Outre le concept de « perception motrice » trouvé dans « L’Esquisse », Freud offre un autre modèle à la conduite addictive. Il le fait à partir d’une maladie psychosomatique, l’épilepsie. Il y avance en effet l’hypothèse dans celle-ci d’un mécanisme de « décharge pulsionnelle anormal préformée organiquement »1 ». La crise d’épilepsie exprimerait une tendance à l’autodestruction par désunion de la composante sadique de la pulsion sexuelle d’avec son support, l’appareil musculaire. Dans l’addiction, cette désunion est toutefois relative. En fait, appareil d’emprise, la musculature, y est sollicitée mais « découplée » de toute représentation consciente des fantasmes sadomasochistes. A l’inverse de l’épilepsie la composante sadique serait moins « désunie » que « mal unie » avec l’appareil musculaire. En fait, cette « mes-union » de la pulsion sexuelle d’avec son étayage à l’appareil d’emprise serait aidée par une fragilisation première de la dynamique pulsionnelle : celle que Freud avance concernant l’épilepsie, à savoir une « décharge pulsionnelle anormale préformée organiquement ».

L’appétence addictive, à l’instar du symptôme somatique, pourrait être appréhendée comme resomatisant un…

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