Pour soutenir qu’« en entrant dans la salle obscure » (Loncan, 2017), le spectateur se trouve face à un miroir de l’inconscient en famille, j’utiliserai comme support clinique virtuel une œuvre méconnue d’Alain Resnais, Providence¹, où le personnage principal, un écrivain âgé proche de la mort, réorganise imaginairement son passé et ses liens familiaux.
Alain Resnais, la mort et Providence
L’idée de mort hante le cinéaste Alain Resnais depuis Nuit et brouillard (1955), film qui marque son arrivée dans le paysage cinématographique. Pour François Truffaut (1992), ce documentaire est avant tout une « méditation sur le phénomène le plus important du xxe siècle » : les camps de déportation et d’extermination durant la deuxième guerre mondiale. Peu après, sur un scénario de Marguerite Duras, Hiroshima, mon amour (1959) porte sur la guerre et la destruction massive. L’amour et la mort s’y surimposent, définissant les contours du deuil : comment se résoudre à la disparition de l’être cher, comment supporter l’anticipation du déclin de son souvenir tout en ressentant simultanément le besoin de son maintien ? Pour Resnais, chaque film est un nouveau challenge sur le plan de l’originalité et de la créativité. Providence (1977) donne un aperçu des liens intersubjectifs et de la vie psychique dans la famille, à l’ombre du deuil et de la mort. En 1984, L’amour à mort traitera encore du deuil conjugal, en montrant la grande proximité entre l’expérience de la séparation à l’issue d’une relation amoureuse intense et celle de la mort. L’amour ne pourrait-il parfois se dissoudre que dans la mort ? Cette réflexion est déjà présente dans Providence. Pour l’écrivain Clive Langham, l’angoisse due au déclin de sa créativité et à l’approche de la mort infiltre l’ensemble de ses représentations. Le vieil homme lutte pour éviter de…
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