Le travail psychothérapique avec l’enfant n’obtient que difficilement le statut de psychanalyse. Cette restriction du signifiant psychanalytique au traitement de l’adulte est parfois justifiée par des arguments métapsychologiques pourtant de moins en moins convaincants, au regard du développement des traitements analytiques précoces. Ces derniers ont pris appui, non seulement sur l’héritage freudien, mais également sur les héritages kleinien et bionien ainsi que celui des auteurs latino-américain. Depuis le cas princeps du « petit Hans » (Freud 1909), en passant par les redoutables controverses (1940-1945), jusqu’à la difficulté à faire reconnaître une « psychanalyse de l’enfant à part entière » (Edy, 2011) dans nos institutions psychanalytiques, le statut de l’enfant en psychanalyse et de l’analyse de l’enfant n’ont cessé d’évoluer. Aujourd’hui, en accord avec Antonino Ferro (1992, 1996, 2002, 2009), dont l’œuvre est une invitation à repenser l’actualité de la technique analytique avec l’enfant, « je pense et depuis longtemps, qu’il n’y a pas de différence entre l’analyse des enfants, celle des adolescents et celle des adultes (…). Si, comme je le crois, l’objectif d’une analyse est non pas tant la reconstruction des contenus que le développement des instruments qui servent à penser ou à contenir les émotions et les pensées, il est clair qu’il ne peut y avoir aucune différence » (Ferro, 2011, p. 127).
Dans l’actualité de ce printemps 2020, s’il est excessif de comparer la réalité de la pandémie à une période de guerre, le confinement dans lequel l’Europe est plongée pourrait résonner comme un lointain écho de l’atmosphère où se déroulèrent les débats dévastateurs qui opposèrent les groupes kleinien et Anna freudien, au sein du mouvement psychanalytique britannique entre 1941 et 1945 (King et Steiner, 1998). Les très vives confrontations opposaient alors les tenants d’une stricte orthodoxie freudienne, au premier rang desquels se trouvait Anna…