À travers un moment de soins se déroulant à l’Institut Emmi Pikler, nous voudrions montrer combien, dans tous les instants courants de la vie quotidienne l’attitude de la nurse et ses paroles sont porteuses de la représentation « piklérienne » d’un bébé acteur, actif et serein, pouvant exercer sa compétence et son autonomie, et exprimer le sentiment qu’il peut être aimé. C’est avec cette vision, centrée sur la force de son développement, que Pikler accompagne le bébé dans son évolution.
Dans une famille « ordinairement bonne », on peut dire que les moments de soins ou de jeu sont autant d’occasions d’échange entre une mère et son bébé. À travers ses paroles, la mère exprime son attention, ses recherches d’ajustement à son bébé, elle donne sens à ses gazouillis et à ses mouvements spontanés, elle anticipe les perspectives de son développement et projette les attentes plus ou moins conscientes qu’elle nourrit à son égard. Ses paroles sont donc teintées de sa subjectivité, de ses fantasmes, craintes et espoirs. Winnicott accorde une grande importance à ce phénomène, lorsqu’il dit que les paroles parentales ont une fonction de miroir renvoyant à l’enfant une image à laquelle il va s’identifier, qui donne un élan à son développement.
Regardons maintenant de plus près quel miroir la nurse, à Lóczy, tient en face du bébé qu’elle soigne, à travers une courte séquence de quatre minutes.
Marti, la nurse vient chercher Joco, petit garçon blond de 4 mois et demi, dans son lit.
Joco est réveillé, il joue paisiblement avec son petit tissu. À la vue de Marti, il s’arrête et son visage s’illumine. Quand Marti se penche sur lui pour enlever sa…