Dans la presse, et plus largement dans le champ social, les auteurs d’infractions à caractère sexuel (AICS) génèrent des jugements portés par l’émotion et l’identification empathique aux souffrances des victimes. Aussi, les demandes de sanctions deviennent-elles de plus en plus sévères. Mais, au-delà de la peine pénale qu’apportera le jugement, qu’en est-il de l’accompagnement thérapeutique, du soin psychique qui doit nécessairement être amené à ces populations délinquantes et criminelles ?
L’ouvrage, Ces hommes parmi nous, porte un regard fort pertinent sur cette question. Écrit par un trio de femmes, toutes cliniciennes ayant aussi exercé en milieu carcéral : Gabrielle Arena, psychiatre, médecin-coordonnateur, ancienne responsable du CRIAVS Île-de-France Nord-Est, Caroline Legendre, psychologue clinicienne, thérapeute spécialisée dans le travail en milieu carcéral, experte judiciaire et Gaëlle Saint-Jalmes, psychologue clinicienne, thérapeute en milieu ouvert d’auteurs et de victimes de telles violences, l’ouvrage est destiné à un large public de cliniciens peu ou mal averti de ce qu’il convient de nommer une « clinique de l’extrême ».
La volonté didactique des autrices permet d’appréhender la violence sexuelle dans tous ses aspects et surtout dans sa « banalité », loin des représentations prédatrices que certains grands procès ont imprimés dans l’imaginaire collectif. Conçu comme un parcours tant historique (reprise des grands concepts fondateurs d’une telle clinique) que diachronique (on suit le parcours du soin, de l’incarcération à la prise en charge en milieu ouvert), ce livre présente les conditions d’exercice, les techniques et dispositifs d’usage spécifique, les articulations nécessaires entre les différentes sphères (justice, santé, social) qui entrent en résonance dans cette clinique si difficile.
Une première partie reprend la construction historique du soin auprès de cette population trop longtemps considérée comme inaccessible à toute thérapeutique psychique. Il y est mis…