En s’inscrivant dans la continuité des travaux freudiens et post-freudiens sur la latence, François Marty et Mélanie Georgelin proposent une conception novatrice de la latence : un processus qui œuvre durant la vie entière et qui soutient l’humain aux prises avec la violence de la pulsionnalité interne et de la réalité externe. Le processus de latence contribue ainsi à « traiter cette violence pour la transformer en acte de penser », écrit F. Marty dans les toutes premières lignes de ce livre.
À TOUS LES ÂGES DE LA VIE
Théoriquement dense, cet ouvrage est rendu accessible grâce aux histoires cliniques. Ici, elles foisonnent et témoignent tant de l’ancrage clinique des auteurs que de l’importance que prend le processus de latence dans la clinique à tous les âges de la vie. C’est bien à cet endroit que repose l’originalité de la thèse des auteurs : si « la latence construit le temps […] favorise l’instauration d’un temps subjectif en soi [la temporalité psychique] » (p. 44), elle n’est pas qu’un temps (ce temps entre-deux que Freud avait déjà bien identifié) mais aussi et surtout un processus qui peut intervenir à tous les âges de la vie et particulièrement quand le sujet fait l’épreuve d’une période de changements pouvant menacer son intégrité narcissique. Les auteurs proposent de « généraliser » la fonction de la latence dans l’économie psychique, en l’étendant de la naissance à la mort. Outre la période de latence des 6-12 ans déjà bien identifiée, les auteurs explorent la « latence première » chez le bébé, associée à l’intériorisation de la contenance maternelle, une « seconde latence » chez l’adolescent qui endigue et sublime la violence pubertaire et même une ultime latence au grand âge, du temps de la retraite au travail du trépas.
…