« Y compris dans nos conceptualisations du soin, mésestimer cette nécessité du tendre, qui se pose sur la reconnaissance de besoins différenciés entre l’enfant et l’adulte, de temporalités différentes, qui se réactualise et se re-sexualise à l’adolescence, serait par conséquent renforcer le cortège morbide des manifestations limites par non-ajustement d’un traumatisme de base : la violence fondamentale, sensorielle (au moins), des premières attentes et relations d’objet » (p. 71).
Cet essai, qui ne perd jamais de vue les formes actuelles du « malaise dans la culture », suit trois ambitions : d’abord, tout du long, un pragmatisme thérapeutique, soignant on pourrait dire, tant la visée y demeure celle du soin institutionnel pour les souffrances psychiques de l’adolescent en rendant compte de sa nécessaire polyvalence ; celle, bien sûr, d’une description des fonctionnements limites qui se met très concrètement à l’écart des diagnostics de « carence », de « manque » de limites, d’« affaiblissement des repères » pour privilégier la piste des excès de stimulations sensorielles vécues en état de prématurité (ce que renforceraient les médiations sociétales) ; celle par conséquent du développement psychoaffectif aujourd’hui, de la construction conjointe de l’identité et de la… sexualité.
Le distinguo freudien entre « courant tendre » et « courant sensuel » est repris pour montrer la fécondité de considérer les échanges tendres de la première enfance déjà, et naturellement, infiltrés de sensuel, celui d’une sexualité équivoque : porteuse à la fois de l’interdit de l’inceste et d’une prime de plaisir élargissant, vers le jeu transitionnel, les capacités du jeune moi. Yoann Loisel considère les fonctionnements limites comme achoppant sur ce montage tendre, contenant harmonieusement les excitations avant leur amplification/relecture à la puberté ; il montre ainsi logiquement de quelle manière le soin devra repasser par ce « courant tendre », et, surtout, par ses équivoques. Ceci en arrimant le concept…
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