Dans son nouvel ouvrage, agréable à lire et extrêmement bien documenté, Gérard Pirlot offre une approche à la fois sensible et solidement théorisée de la séparation comme expérience fondatrice de l’acte créateur. Réparti en huit grands chapitres, l’ouvrage comporte 401 pages, une bibliographie abondante (p.361-390) et un index onomastique qui en facilite la consultation. Adoptant un point de vue chronologique précis et bien articulé, l’auteur marie avec bonheur sa lecture des auteurs, l’analyse de sources historiques, l’étude de la correspondance, l’exégèse par des spécialistes, l’éclairage par des témoignages historiques et l’interprétation psychanalytique à proprement dite.
Evitant les pièges de la spéculation facile et l’extrapolation excessive, Gérard Pirlot propose de contextualiser, en étant attentif aux événements historiques, les trajectoires de Montaigne, Descartes et Pascal. Aidé par sa lecture psychanalytique à la fois prudente et méthodique, l’auteur porte une attention particulière à la dynamique familiale et le devenir sujet de chacune de ces grandes figures, en passant au crible leurs relations intersubjectives et leur expérience de la séparation précoce, notamment d’avec l’objet maternel. Le manuscrit actuel s’inscrit dans tout un faisceau de travaux déjà menés par l’auteur.
Qu’il s’agisse de ses réflexions sur le corps psychosomatique, le processus adolescent ou les vicissitudes de la création, ces différents thèmes se trouvent mis au service de son étude actuelle.
Richement nourri de ses œuvres précédentes sur T.H. Lawrence et Rimbaud, Gérard Pirlot s’interroge sur les destins de la pulsion dans la création. Comment penser le processus créateur chez l’artiste, l’écrivain, le philosophe ? Quels traumatismes ont pu participer chez untel au développement de la voie sublimatoire, lesquels ont pu contribuer à l’arrêt sans appel de son activité créatrice ? Enfin, quels invariants existent-ils dans le processus créateur ? Concernant le lien entre traumatisme et création, l’auteur soutient…