On ne sort pas indemne de la lecture de cet ouvrage captivant et original tant sur le plan du fond que celui de la forme. Ce que raconte ce livre, c’est que la mort qui survient au bout de la grande vieillesse est, en France aujourd’hui, une situation à grand risque de mal se passer. Or le projet législatif sur la fin de vie ne s’intéresse aucunement à ces moments-là : il ne traite – ou ne traitera ! – que des cas de personnes plus jeunes atteintes de pathologies lourdes. Autrement dit, il y a un gap (un refoulé ?) sur la mort des vieux qu’on renvoie trop vite à la supposée compétence des EHPAD… Il y a plus de femmes que d’hommes chez les très vieux (quatre sur cinq) : plus de 30 000 personnes sont concernées actuellement, chiffre qui augmente avec l’allongement de la longévité.
Véronique Fournier – cardiologue de son état – a fondé et dirigé le Centre d’éthique clinique de l’AP-HP et présidé le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie de 2016 à 2020. Elle connaît donc parfaitement les dilemmes éthiques qui se posent inévitablement dans la grande vieillesse (faire mourir ou laisser mourir ?) Le sujet est lourd.
C’est le fond de cet ouvrage qui est cependant tout sauf un pavé théorique. L’originalité de la plume de Véronique Fournier est en effet dans la forme : elle a bien connu et suivi six histoires de vie de dames très âgées qu’elle raconte de manière incisive, humoristique souvent, tissées parfois sous forme « policière » avec un suspense demandant d’attendre de nombreuses pages pour connaître la suite.
Dans les vingt-quatre épisodes de la vie et la mort…