Petit éloge de maisons des adolescents ou pourquoi des lieux spécifiques pour soigner les adolescents ?
Éditorial

Petit éloge de maisons des adolescents ou pourquoi des lieux spécifiques pour soigner les adolescents ?

Pourquoi faut-il des lieux spécifiques pour accueillir les adolescents et les soigner, des lieux à leur image ? Pourquoi des Maisons des adolescents ? D’abord parce que cela renouvelle notre approche, nous oblige à penser autrement ces adolescents dont personne ne voulait, il y a encore peu de temps, ni plus tout à fait enfants, ni pas encore tout à fait adultes. Des êtres étranges et sublimes en devenir. Il faut modestement admettre que nous devons mieux faire dans ce domaine et être plus pragmatiques.

Alors, oui, l’idée s’est imposée de construire des lieux d’accueil ouverts sur la ville pour tous les adolescents quelles que soient leurs questions, leurs souffrances, leurs douleurs, leurs couleurs, leurs fragilités ou la destructivité qui les habite. Une unité de lieu pour contenir des pensées plurielles, pour permettre à la fois une consultation pluridisciplinaire, le corps, l’esprit, les choses de l’école, l’accès aux droits, un lieu aussi pour trouver des voies d’expression même quand les mots sont douloureux ou qu’ils manquent. Une maison des adolescents c’est encore un lieu de soins individuels, familiaux, transculturels. C’est enfin un lieu de recherche, d’enseignement et de formation sur la psychopathologie de l’adolescence, maladie de l’idéalité comme le dit J. Kristeva. Pour faire tout cela, le faire de manière efficace et humaine, il va falloir déployer des trésors d’organisation pour pouvoir rester accueillants, pour imaginer des stratégies adaptées à chaque situation quelle que soit sa complexité. Mais, il est une dernière condition pour ces maisons, elles doivent s’ouvrir là où on en a besoin, dans les zones désertées ou celles de non-soins ou encore dans les banlieues en manque de lien. Ces maisons par leur engagement dans la cité permettent de comprendre, de témoigner aussi de la violence, de l’isolement de ces adolescents en quête de sens et d’affiner notre capacité à les aider dans ce passage. Le toit de la maison ne suffit pas.