Éviter la question du sens est une erreur et vouloir objectiver la souffrance est un malentendu qui relève l’un et l’autre de la passion d’ignorance. Cette voie est une pente facile, économique pour la pensée qui ne supporte pas les paradoxes et les incertitudes.
De par leur idéologie orientée vers les thérapies cognitives comportementales et la haine que leur inspire la psychanalyse, les auteurs du Livre noir de la psychanalyse, dans leurs écrits diffamatoires et faux, accusent les psychanalystes de crimes. Plusieurs milliers de toxicomanes seraient morts parce que, selon eux, les psychanalystes se seraient opposés à la substitution alors que cette pratique est devenue hégémonique.
C’est accorder beaucoup de pouvoir aux psychanalystes de penser qu’ils ont influencé la politique de substitution. Si on ne leur a pas demandé leur avis sur cette question, on constate aujourd’hui que les idées ont peu évolué, concernant les toxicomanies malgré les ouvrages psychanalytiques importants avec Claude Olievenstein, Sylvie Le Poulichet, Jacques Hassoun, Suzanne Ginestest Delbrei, Pierre Fedida, ce qui vient relativiser l’influence de la psychanalyse. Cela fonctionne au contraire comme si la pensée contemporaine était exclusivement conditionnée par les politiques de luttes contre les drogues, de réduction des risques et par ceux qui, dans les nouvelles idéologies thérapeutiques, prônent la disparition des symptômes et des plaintes, cette pensée ne parvenant pas à renoncer à croire que les toxicomanes sont malades de la drogue alors qu’ils souffrent d’une souffrance qui se sert des drogues pour s’exposer.
Des toxicomanes sont morts et meurent encore aujourd’hui, beaucoup trop malheureusement, mais la psychanalyse et les psychanalystes n’y sont pour rien, car la plupart des usagers de drogues sont décédés par overdose, du SIDA,…