Schize, déprime ou autistisation ?
Éditorial

Schize, déprime ou autistisation ?

Fût un temps où il était de bon ton de parler de la schizophrénisation de la société. Difficile de dire si le risque ou le processus se sont atténués, mais le fait est que ce terme revient moins souvent dans les propos de nos sociologues patentés. Il est plausible que les problèmes demeurent et que seul a changé le regard que l’on porte sur eux. Malgré tout, l’humeur du jour est plutôt à la déprime et ce thème l’emporte actuellement sur celui des clivages. Socialement parlant, qui dit « fracture » ne dit pas schize, pour autant! A propos des foules, D.W. Winnicott -il y a longtemps déjà- parlait de « collections d’isolés ». Dans son très beau livre sur Glenn Gould (Piano solo), Michel Schneider distingue utilement la solitude de l’esseulement selon que c’est l’autre qui nous manque ou nous-mêmes à nous-mêmes. Glenn Gould en savait sans doute long sur la question. Toujours est-il qu’à notre époque, entre la perte et la spaltung, c’est peut-être l’autistisation collective (paradoxe oblige!) qui nous menace surtout.