Face au tsunami dévastateur de Donald Trump, nous, psychanalystes, sommes bien démunis. Nous assistons, impuissants, à la destruction d’un monde, le nôtre, que naïvement nous croyions acquis. Que dire ? Que faire ? Comment comprendre ? Affirmer, comme tant d’autres, que nous allons défendre nos valeurs paraît insuffisant, voire naïf. Il faut des armes. Les nôtres ne peuvent être que celles de l’analyse : analyser, interpréter, puis dénoncer. Trump me fait penser au pervers narcissique paranoïaque qui exerce sur son partenaire – sa victime, même si je n’aime pas ce mot – une entreprise de destruction perverse, cette fois à l’échelle mondiale, où jouent le double lien, la disqualification, le mensonge, les menaces, l’emprise et bien sûr la séduction. Trump tente de faire avec des peuples entiers ce que le pervers narcissique fait avec sa femme. Et on sait combien il est difficile pour celle-ci de se dégager de cette relation aliénante. Un pervers, c’est bien connu, peut détruire une famille. Un pays ? L’équilibre géopolitique du monde ? Le tout est de savoir si les instances démocratiques
américaines seront assez fortes pour y résister.
Quant à nous, avec nos modestes moyens, nous devons analyser ses stratégies. La première consiste en un travail de sape sur le langage. Car c’est par la langue que le dictateur instaure son pouvoir, tout comme c’est par son incroyable capacité à argumenter sans fin que le pervers narcissique maintient son emprise sur son partenaire. Les fameux « tweets » énoncent des contre-vérités qui nourrissent les illusions et les croyances. Chiffres truqués, théorie du complot, fausses déclarations. Mais ce ne sont que des « alternative facts »… Ainsi, il discrédite les mots pour semer le doute sur la réalité de nos perceptions et nous faire croire aux « faked news ». D’ailleurs le public américain l’a compris, qui a mis en n°1 des ventes le « 1984 » de Orwell, qui montre ce recours à une « novlangue » pour manipuler les masses et instaurer une dictature.
On n’en est pas là. Mais jusqu’où ira-t-on ?