Un nouveau placebo ?
Éditorial

Un nouveau placebo ?

Un article récent rédigé par des auteurs d’un centre de référence de l’OMS, après méta-analyse des données (y compris les études qui n’avaient pas été initialement publiées) conclut que l’effet de la paroxétine (Deroxat®) n’est pas significativement différent de celui d’un placebo dans le traitement des dépressions majeures de l’adulte. Ce résultat soulève une série d’interrogations pour la psychopathologie.

Faire de l’industrie pharmaceutique un bouc émissaire serait ici une solution de facilité, en grande partie inexacte. Des études commanditées auprès d’éminents services universitaires de psychiatrie ont abouti à des résultats favorables (autrement ce médicament n’aurait pas été commercialisé), des médecins, favorablement impressionnés par les effets de leurs prescriptions, ont continué à utiliser le produit, des patients, enfin, n’ont pas manqué de le réclamer à ceux qui les soignaient.

Deux conclusions s’imposent : d’une part, au moins dans le cas de la dépression, il faut rappeler que l’évolution d’un patient dépend pour une faible part seulement de l’action des psychotropes ; d’autre part, que la méthodologie des essais cliniques pour ces molécules ne saurait être un modèle pour la recherche en psychopathologie.

1 – C. Barbu, TA. Furukawa, A. Cipriani. Effectiveness of paroxetine in the treatment of acute major depression in adults : a systematic reexamination of published and unpublished data from randomized trials, CMAJ, 2008 January 29; 178(3) : 296-305.