Superviser revient, dans sa terminologie ordinaire, à contrôler voire surveiller sans rentrer dans le détail le travail d’un autre. Quitte à provoquer un peu le lecteur de Carnet Psy, en quoi son assertion psychanalytique serait-elle différente ? Qu’est-ce qui distinguerait, par exemple, la supervision psychanalytique permettant la « validation » d’un cursus de psychanalyste d’une analyse des pratiques rendue obligatoire dans les structures d’accueil de la petite enfance, ou d’un psychologue clinicien, d’une orientation ou d’une autre, s’interrogeant sur l’effet de sa manière d’être, de son psychisme, de son histoire, de sa technique et de son contre-transfert dans sa rencontre avec un autre humain en souffrance ? Que le cadre d’exercice professionnel soit celui d’une analyse, d’une psychothérapie, d’un accompagnement ou d’un soutien psychologique, que se joue-t-il dans les faits dans une supervision menée par un psychanalyste ?
En France, si elle est éthiquement et déontologique conseillée, elle n’est pas davantage obligatoire, d’un point de vue législatif, à la pratique de la psychologie ou de la psychothérapie qu’un travail psychothérapeutique sur soi-même. Ce statut indéterminé ne doit pourtant pas nous empêcher de réfléchir aux contours d’une supervision psychanalytique – qui ne se limite pas aux psychanalystes ou psychologues cliniciens – mais qui est bien, tout en étant probablement un « quatrième métier impossible » (Chartier, 2009) à ajouter à ceux indiqués par Freud (1937), une part conséquente de l’activité clinique de nombreux thérapeutes. Nous pourrions même nous associer à l’une des idées phares d’un article d’Isabelle Gernet et d’Élise Ricadat (2025) se demandant si la supervision ne serait pas l’un des seuls moyens cliniques d’évaluer une pratique, c’est-à-dire le travail en soi d’un professionnel du lien, entre la technique en elle-même et ce qui se joue en relation in situ.
En 2009,…
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