Omnia praeclara tam difficilia quam rara sunt
« toute chose excellente est aussi difficile qu’elle est rare »
Spinoza, l’Éthique, V, 42
Cette citation de l’Éthique de Spinoza en ouverture de cet ouvrage est excellente pour qualifier la trajectoire de vie de Serge Stoléru, son auteur, qui nous a quittés le 10 janvier 2020. Il était psychiatre, docteur en psychologie et chercheur à l’INSERM.
Je l’ai rencontré étudiant alors qu’il était proche collaborateur de Serge Lebovici à Bobigny et qu’ils venaient de co-signer le fameux ouvrage Le nourrisson, la mère et le psychanalyste (1983).
A cette époque, les consultations parents/bébé du lundi à Bobigny constituaient un temps fort de ma formation : dans une pièce à côté de la salle de consultation, nous suivions en direct par la vidéo la consultation et nous en discutions après-coup avec « Lebo ». Le nourrisson faisait son entrée dans le monde de la psychanalyse et Lebovici et Stoléru avaient inauguralement balisé le champ théorico-clinique avec leur ouvrage pionnier qui a fait date.
J’ai fait plus ample connaissance avec Serge Stoléru en suivant sa formation plus intimiste à la maternité de Montmorency à l’échelle de Brazelton. Avec un tact et une adresse dont les images me reviennent avec émotion, il s’adressait simultanément aux nouveaux-nés, aux parents et aux apprentis cliniciens du bébé avec une clarté, une rigueur indissociables d’une grande bienveillance. Pour nous professionnels, intimidés par le bébé et guettés par l’intellectualisation, son efficience didactique était une opportunité remarquable pour rencontrer authentiquement l’infans et l’infans dans l’adulte.
En lisant aujourd’hui son dernier ouvrage, Le psychanalyste portable. Une nouvelle approche de la connaissance de soi, je ressens de nouveau son talent de passeur…
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