SOCIUS ACCÉLÉRÉ, PARENTS DÉSEMPARÉS
En moins d’une demi-génération, on a vu apparaître sous nos yeux des inflexions majeures quant aux problématiques psychopathologiques des patients qui viennent en consultation. C’est vrai en pédopsychiatrie où les troubles infanto-juvéniles situés dans un champ strictement névrotique ont pour l’essentiel disparus au profit de problématiques narcissiques et de fonctionnements largement préœdipiens. C’est aussi vrai chez les adultes et c’est particulièrement sensible dans le domaine de la parentalité. Ces inflexions sont à mettre en rapport avec l’accélération exponentielle des changements fondamentaux à laquelle la révolution technoscientifique soumet la société[1].
Que nous disent au fond ces parents en consultation ? Ils disent combien ils se sentent démunis, perdus, désorientés dans leur pratique parentale, confrontés qu’ils sont à des enfants retors à leurs yeux au cadre éducatif qu’ils essaient de construire. Quel que soit l’âge de l’enfant, tout semble être objet de conflits : les repas, les devoirs scolaires, l’heure et les conditions du coucher, l’usage de la tablette ou du smartphone, etc. Ces parents en souffrance sont rarement démissionnaires, ils sont surtout épuisés et découragés de voir que rien ne peut être obtenu dans l’échange avec l’enfant sans un déploiement considérable d’énergie et que rien ne semble définitivement acquis sur le plan éducatif.
OÙ SONT LES LIMITES ET COMMENT LES IMPOSER ?
Une mère rapporte en consultation qu'elle ne sait pas à quel moment ni comment intervenir lorsque son petit de cinq ans joue bruyamment, envahit l'espace avec ses jouets, la sollicite énergiquement. Arrive un moment où elle sent une accumulation de tension et de fatigue qui finissent par la déborder. Elle ne supporte plus alors le moindre cri ou pleur,…