Dans le volume de la collection des Débats en psychanalyse intitulé Le Corps en séance, dirigé par Anne Maupas et Marie Sirjacq, les analystes-auteurs témoignent d’expériences cliniques variées, qui ont essentiellement en commun d’avoir mobilisé des « corps en séance » d’une façon complexe, intense, critique, difficile à penser, parfois difficile à supporter. Le lecteur est invité à cheminer aux côtés des analystes qui, au fil de leurs textes, partagent leurs observations et leurs réflexions, tentent de donner forme et sens à leurs ressentis contre-transférentiels et formulent leurs questionnements techniques dans le travail auprès des patients qu’ils rencontrent. Ici, ils nous parlent du corps « dans tous ses états » : le corps archaïque, malade, absenté, déchiré, intrusé, percuté mais aussi le corps vibrant, sensible, habité, touchant et touché.
Dès la première séance, les corps du patient et de l’analyste se rencontrent : si ce n’est par le toucher, en tout cas par le regard, par l’ouïe, par l’odorat. Ainsi, tout en tenant compte de la règle de l’abstinence, est-il possible, souhaitable, de mettre de côté le corps pour se concentrer exclusivement sur le discours ? Laurent Danon-Boileau nous rappelle que la parole, liée à la motricité, est une « sublimation incarnée », et qu’elle « porte la chair de son histoire ». En analysant les diverses formes de régression du dire qui coexistent au fil de la cure, il nous montre comme le corps s’inscrit à chaque fois dans le langage. « L’analyse et l’offre qui est faite d’association dite libre, c’est avant tout de permettre l’émergence et le traitement de l’excitation d’un corps-psyché » : Catherine Chabert y insiste, la « personne », c’est bien « le corps et la psyché ».
Ainsi, le corps dit-il parfois ce que les mots ne disent pas ? Quelles représentations le corps, mis parfois sur le devant…
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