Introduction
La psychopathologie est tout à la fois une discipline partagée par pédopsychiatres et psychologues et une théorie des troubles mentaux et du soin à leur donner, et au-delà, de toute forme de souffrance psychique. C’est donc un niveau de lecture et d’intervention qui doit cohabiter avec les niveaux biologiques et cognitifs (Chagnon, 2012 ; Joly, 2021).
Longtemps dominée par la psychanalyse, la psychopathologie se veut aujourd’hui beaucoup plus intégrative, les psychologues préfèrent dire complémentariste, pour éviter l’œcuménisme fade et le respect du tranchant de chaque approche. La psychopathologie prétend expliquer et comprendre (Jaspers, 1912) au sens de s’identifier à, prendre avec. Elle tend à répondre au « pourquoi » (discussion étiopathogénique) et au « comment » (discussion fonctionnelle : comment cela fonctionne ou dysfonctionne pour mieux intervenir). Ajoutons que les modèles étiopathogéniques contemporains font appel à une pluralité de facteurs primaires et secondaires (de risque, de vulnérabilité et de résilience) intriqués (génétiques, environnementaux, sociaux, écologiques, etc.) où les effets d’après-coup, les boucles rétroactives ont leur part. Ajoutons encore que « la causalité psychique » (Green, 1995) chère à la psychopathologie psychanalytique s’écarte des modèles médicaux traditionnels qui s’attachent à décrire des causes antécédentes, efficientes. La psychopathologie psychanalytique recherche le sens, les significations, la visée, souvent inconsciente des symptômes : le pour quoi des causes finales plutôt que le pourquoi des causes efficientes (Houzel, 2020). C’est dire qu’elle s’inscrit dans le champ de la complexité tout en n’oubliant pas que ce qui importe concerne la signification et la subjectivation de ces causes pour et par le sujet.
La psychopathologie vise ainsi à donner du sens aux troubles en question, pour les sujets qui en sont atteints, pour leur entourage et pour les soignants. Elle invite à garder un…