Les querelles autour de l’autisme en soulignent la très grande complexité. A ces complications, il semble bien que les cliniciens et chercheurs aient ajouté leurs propres confusions. D’abord associé à diverses formes de psychoses, l’autisme en a été distingué, par L. Kanner en 1943, comme syndrome surgissant « dès le début de vie » et ayant des causes biologiques. Aujourd’hui, le diagnostic d’autisme – rebaptisé « trouble envahissant du développement » - ne peut être envisagé pour un enfant qu’après 9 à 12 mois, et doit attendre l’âge de 3 ans pour être confirmé. Entre temps, on a appris l’importance des interactions et des symbolisations précoces pour le développement des enfants. Il n’est donc plus possible de dire que l’autisme est simplement « inné » d’autant que ses causes biologiques spécifiques restent toujours incertaines.
Autisme, hospitalisme et débilité
Peu après la dernière guerre mondiale, l’autisme a été confondu avec l’hospitalisme, c’est-à-dire avec les troubles occasionnés par les carences de soins dont pâtissaient les enfants placés dans des institutions qui assuraient leurs besoins physiologiques mais sans soins affectifs et relationnels appropriés. Cette confusion s’est répétée lors de la libération en 1989 de la Roumanie et l’ouverture des établissements d’enfants ainsi carencés, que divers cliniciens ont considérés « autistes ». De fait, ils en présentaient les symptômes mais pour de toutes autres raisons. Cette convergence des symptômes permet de comprendre la méprise des psychanalystes qui, tel Bettelheim, ont attribué les retraits et stéréotypies autistiques à des carences parentales ou à des conditions d’environnement aussi perturbantes que pouvaient l’être celles qu’il avait connues en camp d’internement.
Si cette confusion, entre autisme et carences de soins relationnels, est désormais écartée, elle n’en est pas moins remplacée par une autre qui amalgame…