Au début des années trente, la pédiatre Emmi Pikler formulait une conception nouvelle du bébé qu’elle mit en application d’abord dans sa propre famille, ensuite auprès des familles qu’elle accompagna dans son travail de pédiatre, puis dans la pouponnière aussi. Elle a reconnu que le nourrisson n’est pas aussi impuissant qu’on le croyait. Elle mit en évidence des capacités jusque-là inconnues, restées cachées.
Elle s’est rendue compte que, si le nourrisson est en bonne santé et en bonne relation chaleureuse, solide avec son entourage, il est capable sur le plan de l’activité motrice et du jeu d’élargir son répertoire de comportement et de le développer. Elle mit alors en évidence que le nourrisson:
- est capable, sans aide directe de l’adulte, de passer du stade couché sur le dos à la marche assurée;
- est capable, mu par son propre intérêt, de parvenir du stade où il regarde, observe ses propres mains à des manipulations complexes de plusieurs objets;
- est capable d’agir comme quelqu’un qui ne cesse de découvrir ses propres capacités et le monde, et d’en être le moteur actif ;
- est capable de se lancer dans de nouvelles aventures, indispensables pour son développement, sans perdre la maîtrise de soi et des événements.
Comment cette conception nouvelle s’est-elle traduite dans sa pratique?
Dans les familles qu’Emmi Pikler accompagnait et rencontrait régulièrement, les nourrissons, après les moments passés avec leur parent, paisiblement et dans une ambiance chaleureuse, pouvaient découvrir librement le plaisir d’observer, de mener leurs essais et apprentissages sans être dérangés. Dans une aire de jeu suffisamment vaste et sans danger, aménagée convenablement pour des activités variées, ils pouvaient, suivant leur propre intérêt, entrer en contact avec leur…