La dé-ritualisation de toutes les pratiques sociales - et pas seulement de celles qui touchent à la mort - a entraîné un bouleversement des pratiques funéraires. Elles sont aujourd’hui beaucoup moins codifiées et chacun est libre d’inventer sa façon de faire ou d’être. Cette désocialisation du deuil n’est pas sans conséquences pour les enfants. Beaucoup d’adultes ont besoin de penser que l’enfant doit être protégé de la mort en l’écartant des personnes gravement malades ou décédées. Ils considèrent qu’il est préférable de ne pas leur en parler ou ne se sentent pas capables de le faire. Or, même les plus jeunes ont besoin d’explications claires, adaptées à leur niveau de compréhension pour savoir ce qui s’est passé, comprendre les réactions des adultes, poser leurs questions et pouvoir participer concrètement à tout ce qui se met en place après le décès.
Depuis plus de quinze ans, l’accompagnement de nombreux enfants en fin de vie nous a amené à découvrir la facilité avec laquelle les enfants sont capables de parler de la mort, et même, si nous savons les écouter, de leur propre mort. Notre écoute de la fratrie tout au long de la maladie de leur frère ou de leur sœur, et après le décès, est venue confirmer cette capacité de l’enfant à parler en profondeur de sujets très graves. Nous avons alors mesuré que, sans explication et sans voir le corps du défunt, les enfants comme les adultes ont du mal à comprendre la mort. Confortés par toutes les dernières études qui montrent qu‘être en contact avec le corps du défunt préserve généralement du deuil pathologique, nous avons progressivement identifié les étapes qui aident les enfants dans cette période qui suit immédiatement le décès d’un frère ou d’une sœur. Cet accompagnement…