Les parents face au risque de la violence des enfants et des adolescents
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Les parents face au risque de la violence des enfants et des adolescents

La violence semble avoir envahi depuis quelques années le champ de notre vie, que ce soit dans les images (films, spots télévisuels, jeux vidéos, bandes dessinées), dans le langage (les dialogues entendus entre les jeunes, mais aussi entre les adultes en colère en témoignent), dans la musique (contemporaine, rap, funk), dans le sport (avec ou sans dopage, la violence a pris le pas sur l’agressivité), dans de nombreuses situations de compétition où il semble que tous les moyens sont bons pour l’emporter sur l’adversaire (y compris dans le monde politique où des délits en tous genres font l’objet de procédures judiciaires), sans parler de la violence des banlieues, ni celle que l’on rencontre dans les transports en commun. Serions-nous entrés dans une erre nouvelle faite de violence, reposant sur une absence d’éthique, une violence fratricide ? Aurions-nous perdu notre capacité à vivre ensemble ?

L’analyse de ce problème complexe ne saurait être traitée rapidement. C’est pourquoi je proposerai dans ce texte de n’en examiner qu’un aspect, partiel donc, mais particulièrement important, puisqu’il concerne les parents face au risque de la survenue de la violence des enfants et des adolescents. Problème de société nécessitant une réflexion globale, mais aussi problème familial, impliquant des individus dans le rapport qu’ils entretiennent à la parenté, la filiation, la transmission. Mais, tout d’abord, qu’est-ce que la violence?

La violence est l’exercice de la force en dépit de quelqu’un ou de quelque chose, ce qui donnera l’idée de soumettre quelqu’un, mais aussi celle de s’ouvrir un chemin. En déplaçant ainsi le sens du mot violence vers l’usage de la force par contrainte, l’étymologie nous permet d’accéder à une réalité qui montre la vie comme un combat pour la survie.

Pour J. Bergeret1, la violence est l’expression d’une difficulté identificatoire primaire narcissique, qui ne s’intéresse qu’au sujet et à sa conservation. C’est dans ce sens que l’on peut la qualifier de fondamentale. L’agressivité vise à détruire l’objet, elle est liée à l’ambivalence affective, alors que la violence est préambivalente, non sexualisée. Lorsque la violence se sexualise, elle conduit à la perversion sadomasochiste.

Cette violence est une part de l’énergie pulsionnelle, le carburant du moteur, dit J. Bergeret. Cette énergie pulsionnelle se met au service du travail de liaison des pulsions, et son élaboration permet d’intégrer les exigences contradictoires émanant de la réalité interne (principe de plaisir) et de la réalité externe (principe de réalité)2. Mais parfois, la violence se met au service de la déliaison pulsionnelle, elle tend alors vers la destructivité liée à la pulsion de mort, désintriquée de la libido érotique. Cette destructivité devient le moteur des conduites psychopathiques3. La violence se traduit par un investissement exclusif de la haine qui se délie de l’amour.

La violence, à l’origine du vivant

La violence est à l’œuvre dans la Bible: la Genèse, le combat de Job, le sacrifice d’Abraham… Dans le Livre de l’origine, Dieu n’est pas tendre. La violence semble être le prix à payer pour gagner le paradis, pour respecter l’Alliance entre Dieu et le Peuple Elu. Sysiphe ne nous donne-t-il pas à voir une autre forme de violence dans cette condition humaine où c’est l’absurde qui nous guide ? L’absence de sens dans l’existence n’est-elle pas une infinie violence ?

Dans les sociétés primitives, la cruauté est intégrée dans les rituels où la violence se met au service du lien social. La violence est alors nécessaire pour que l’ordre social subsiste au-delà de toute violence individuelle. Dans les sociétés modernes, la cruauté devient anormalité parce qu’elle est coupée de sa signification rituelle, elle n’est plus liée à la dimension collective, violence et plaisir se disjoignent. Pour G. Lipovetsky, la cruauté dans les sociétés primitives ne vient pas d’une absence de refoulement, mais provient du fait que l’individu n’a pas d’existence reconnue comme autonome. Il s’oppose, en cela au moins, à la position de S. Freud, qui, comme nous le verrons, fonde la culture sur le renoncement à l’exercice de la violence de l’un sur l’ensemble du groupe4.

G. Lipovetsky note la baisse du nombre des peines capitales (suppression de cette peine, dans de nombreux pays), celle du nombre des infanticides, surtout depuis la législation sur l’avortement et les progrès décisifs en matière de contraception féminine et, enfin, celle des châtiments corporels. Cette baisse de la violence traduirait, pour G. Lipovetsky, le fait que les individus ont de plus en plus de relations d’indifférence avec les autres et qu’ils cherchent de plus en plus à développer leurs propres intérêts. Si l’interprétation reste ouverte, la recension des faits est là: notre rapport à la violence change en même temps que l’expression de la violence se transforme.

La dissolution du lien social condamne l’homme moderne soit à renoncer à l’exercice de la violence en intégrant les valeurs sécuritaires et consuméristes de la société marchande, soit à y avoir recours pour revendiquer sa part. Cette évolution rend manifeste la vacuité des signes, le vide de sens de la société moderne. L’état accapare le monopole de la violence physique par police et armée interposées, ôtant ainsi au sujet le droit privé d’exercice de la violence. Si certains aspects de la position de G. Lipovetsky se rapprochent de l’ana -lyse de G. Sorel, c’est pour dénoncer l’individualisme de notre société.

Le monde des images qui a envahi notre culture n’est-il pas hyper violent, comme le soutient O. Mongin?5 Pour cet auteur, la violence vient de nulle part et de partout. Elle n’est plus affaire d’expérience (personnelle), elle ne se situe plus dans le cadre qui la contenait (la guerre notamment, mais aussi le code d’honneur). Il rejoint en cela l’analyse de G. Lipovetsky. La violence est d’autant plus présente dans l’image qu’elle est rejetée de la vie réelle. Si l’on suit cet auteur, peut-on dire alors que la violence est l’expression d’une expérience de désubjectivation ?

La violence est-elle une affirmation de soi au détriment d’autrui, un évitement de la douleur et une recherche active du plaisir, comme l’évoque H. Atlan6, une gratification cérébrale, comme le proposent les neuro-biologistes? Pour A. Bourguignon7, en établissant le meurtre et la violence dans son espèce, l’homme s’est placé en dessous de l’animal. C’est seulement chez l’homme que l’on trouve le meurtre intraspécifique collectif. Pour A. Bourguignon, il n’y a pas de pulsion de destruction innée, mais les comportements de violence « prennent racine dans les circonstances qui président au développement et à l’éducation des individus ». Pour cet auteur, on peut développer des dispositions à réagir violemment si l’on se sent menacé. Pour lui, l’agressivité peut être maîtrisée parce qu’elle est construite, elle s’acquiert par l’éducation.
Cet aperçu étymologique ét historique permet de mettre en évidence la polysémie du terme « violence ». Le mot nous fait retrouver l’idée :

  1. d’un abus et d’un excès, viol, attaque illégitime, intrusive, emploi de la force brutale qui contraint ou menace autrui (et son intimité), et qui s’opposerait à la liberté;
  2. d’une force vitale, liée à la vie, – y compris à la vie sociale –, d’une puissance qui, du côté de l’individu, fait de l’humain un homme fort, et, du côté de la communauté, donne à la société la qualité de maîtriser (ou sanctionner) l’abus ou l’excès d’une violence exercée contre elle-même ou contre un de ses membres.

Cette définition montre que le risque de la violence est un risque lié à la vie même. Le caractère biface de la violence (force et destructivité) indique aussi la nécessité de transformer la violence, de la mettre au service de la communauté dans le lien social, la créativité. Lorsque la violence se met au service de l’individu préoccupé de la recherche d’une satisfaction personnelle, elle génère la destructivité.
Le rôle des parents et des adultes apparaît, dès lors, primordial dans la régulation de la violence vitale qui se manifeste chez les enfants et les adolescents, pour garantir la pacification de cette énergie nécessaire à la vie.

Une rupture d’équilibre

Si l’on considère la violence comme étant inhérente au principe de toute vie, force est de constater qu’elle provoque un déséquilibre, une rupture dans la stabilité de l’organisation de la vie psychique. La stabilité d’un système de relation peut être dynamique dans son équilibre. Un couple mère-enfant, par exemple, présente souvent cette caractéristique de stabilité, de permanence, sans pour autant être figé, immobile, statique. C’est ce que l’on observe dans l’accordage affectif, décrit par D. Stern8, qui permet à l’enfant et à sa mère de s’adapter harmonieusement et mutuellement. Pour qu’une relation soit vivante, il est nécessaire que les équilibres trouvés en son sein soient dynamiques, qu’il puisse y avoir du mouvement, des changements, sans pour autant que le sentiment de sécurité et de stabilité s’en trouve menacé. La violence ne s’oppose pas à la stabilité des relations (principe d’homéostasie), mais à leur immobilité, à leur inertie (principe de Nirvana).

La violence s’oppose à une réaction de l’autre, qui est vécue comme radicalement menaçante, et se manifeste de façon telle qu’elle outrepasse la réalité de la menace ou bien qu’elle révèle un degré de dangerosité élevé de la dite menace. La force de réaction déborde, bascule dans la démesure et devient le signe d’une atteinte, voire d’une blessure. La violence révèle la fragilité narcissique du sujet dans la mesure où la réponse violente se produit face à une attaque supposée et qu’elle excède le registre dans lequel semblait se tenir la situation. La violence marque par cet excès la rupture radicale avec le statu quo ante. La violence serait ainsi le signe du dépassement des limites implicites de l’aire dans laquelle se tient le jeu des rapports humains, le signe de l’impossible maintien du sujet dans ces limites habituelles, et dans la juste distance à l’autre.

Cette violence inélaborable qui empêche le conflit de se nouer peut s’entendre comme celle du sujet, visant à sa préservation. Elle pourrait être perçue comme une défense du sujet face à une menace dont il se sentirait la victime potentielle ou réelle.
La violence n’est donc pas le fruit d’un conflit, mais une réaction instinctive de survie (pas une intériorisation, mais plutôt une extériorisation). Alors que le conflit se noue dans la rencontre de forces antagonistes, la violence, elle, est l’expression d’une réponse face à une menace vitale, réponse visant à préserver l’intégrité narcissique d’un sujet se sentant menacé.

Violente adolescence

La violence est d’abord repérée comme comportement avant d’être perçue, – mais peut-il en être autrement ? –, comme un éprouvé. En effet, la violence est toujours celle de l’autre et, à ce titre, ne renvoie que rarement à un ressenti personnel. C’est parce qu’elle est appréhendée comme une attitude, un comportement, que la violence a fait surtout l’objet de travaux de la part de sociologues, d’éducateurs, de pédagogues, avant de devenir un objet de recherches psychanalytiques. La violence devient un objet d’étude pour la psychanalyse à partir du moment où la psychanalyse s’intéresse à l’adolescence, plus particulièrement à la psychopathologie de l’adolescence.

La violence du vivant est, pour l’adolescent, celle qui vient en réponse à la violence de l’événement pubertaire. Cet événement pubertaire est une effraction9 qui menace le moi:

  1. du dehors par un corps vécu comme « extérieur », éventuellement persécuteur, comme un objet externe, dans un sentiment d’étrangeté, et non comme un moi-corps unifié. Ce corps est alors non représenté, non élaboré, non intégré dans le sentiment d’une continuité d’existence. Il menace l’unité narcissique du sujet par les excitations qu’amène la puberté et face auxquelles le sujet se sent démuni, débordé, situant dans un « non-lieu-psychique » cette source d’excitations non mentalisées.
  2. du dedans par sa libido, l’équilibre psychique étant ainsi potentiellement mis en danger, avec le risque d’une réalisation des fantasmes œdipiens pubertaires.

L’adolescence est source de tous les dangers, comme elle est source de tous les possibles, de toutes les créativités. Mais, le « remake » du scénario œdipien infantile, pour reprendre l’expression d’A. Birraux, potentialise les risques de passage à l’acte, les risques d’un recours à l’agir qui trouve son origine dans la puissance, voire la violence des remaniements pubertaires. Le terme anglais « remake » signifie dans notre langue « reprise modifiée, transformée, d’une œuvre originale », et traduit assez bien ce travail mutatif du pubertaire qui prend sa source dans le vécu infantile œdipien.

Le pubertaire est violent en ce qu’il soumet l’adolescent à un bombardement psychique qui s’avère traumatique, comme le bombardement peut l’être pendant la guerre pour le soldat traumatisé. Ce bombardement, l’effraction pubertaire, fait violence à l’enfant devenu pubère, et déclenche en lui une réaction névrotique d’un type analogue à la névrose de guerre que peut connaître le soldat. Pour l’adolescent, il s’agira d’une névrose traumatique, où la violence s’entend comme étant celle de l’effraction pubertaire (violence de la sexualisation du corps, qui ébranle le corps d’enfant10), et comme celle de l’événement pubertaire. Le processus d’adolescence aura, lui, pour fonction d’élaborer ce traumatisme, en le névro-tisant. La violence survient, à l’adolescence, lorsque le travail de sublimation est absent, en panne, en souffrance, l’activité représentative à l’œuvre dans les fantasmes pubertaires étant non contenue. En effet, quand le processus d’adolescence ne peut névrotiser l’afflux d’excitations pubertaires, le processus se met en panne dans sa fonction d’élaboration de la violence pubertaire.

Le recours à l’agir

Lorsque cette violence ne peut être élaborée, elle aura tendance à être agie. Le recours à l’agir est à la fois une défense contre l’angoisse et une voie potentielle d’élaboration de la pensée par la mise hors de soi des objets destructeurs. L’autre devient objet involontaire d’étayage d’une subjectivité qui ne s’intériorise pas, ou pas encore. La violence à l’adolescence traduit une détresse et une difficulté dans le processus de subjectivation dont le passage par l’acte constituerait une tentative de solution, une recherche d’apaisement.

Le déplacement de la criminalité contre les personnes vers celle contre les biens s’observe depuis le XVIIIe siècle et ce mouvement se poursuit encore aujourd’hui. En effet, les données statistiques les plus récentes font état d’une augmentation sensible de la délinquance concernant les attaques contre les biens, essentiellement des vols, qui constituent environ 80 % des délits commis par les adolescents, et une nette diminution des attaques contre les personnes11. L’adolescent délinquant pourrait être compris comme quelqu’un qui recherche le plaisir d’essence narcissique pour soustraire l’appareil psychique aux exigences du travail de liaison et de représentation, parce que les effets des traumatismes primaires continueraient à se faire sentir dans l’actuel. Cela nous amène de nouveau à considérer que le recours à l’agir destructeur d’objet serait une défense contre ces effets du traumatisme – agir pour lutter contre la menace de l’effondrement –, tout en permettant au sujet de poursuivre, à certaines conditions, une vie de relation.

Dans la mesure où l’acte semble prendre la place de la parole, on est tenté de penser que le recours à l’agir traduit une impossibilité de penser, de symboliser. L’agir serait perçu comme opérant une sorte de trouée dans l’appareil psychique, ne permettant pas d’élaboration. Mais ne conviendrait-il pas davantage de situer l’agir comme une tentative de symbolisation qui, pour s’effectuer, devrait passer par sa réalisation, plutôt que par le refoulement ?

C’est la solidité des bases narcissiques de l’adolescent, celle des étayages narcissiques de l’enfance sur les objets externes12 – étayages liés aux interactions précoces, à l’introjection d’expériences suffisamment bonnes et d’images parentales sécurisantes, protectrices et réparatrices –, qui permet habituellement l’élaboration de cette violence. En effet, ces étayages permettent au moi de se constituer en explorant les capacités émotionnelles du sujet.

Lorsque la violence est d’origine traumatique, et à l’adolescence elle l’est, son dépassement nécessite une mise en récit comme perspective de reconstruction subjectale. Le temps pour dire se substituant au temps de l’action, la parole créant des liens associatifs qui reconstituent la trame sur laquelle va pouvoir se reprendre une histoire. L’histoire de ce récit, objet du lien à l’autre (souvent un ami, un frère, parfois, mais plus rarement un parent) devient le temps fort de cette reconstruction, comme une histoire dans l’Histoire. Ainsi parler, parler de soi à un autre, redonne la capacité d’éprouver, de retrouver les émotions parfois liées au premier temps du traumatisme. La violence de l’adolescence découvre la fragilité narcissique de l’adolescent, qui est mise à nu. La génitalité oriente l’investis-sement vers les objets, à la recherche de signifiants qui pourraient donner sens à cette expérience insensée. Si la puberté blesse le narcissisme de l’enfant devenu pubère, la « sensorialité adolescente » est à mettre en mots, comme la mère le faisait, en tant que porte parole de l’enfant, à un moment où il ne lui était pas possible d’inventer seul le sens des situations, souvent traumatiques, qu’il vivait. L’événement pubertaire est donc bien excès, excès de sens, (entendons à la fois sensorialité et signification), excès de sensations qui à ce titre constitue un véritable traumatisme à élaborer.

Le rôle de l’environnement

L’élaboration psychique de la violence qui fait irruption au moment de la puberté implique également la capacité de l’environnement à supporter les attaques destructrices des adolescents13 et à leur offrir un contenant qui leur donne les repères pour dépasser leur propre agressivité. Détruire semble alors nécessaire pour se séparer (psychiquement), mais réparer, pardonner, est aussi une nécessité pour continuer à vivre. C’est là que les parents jouent un rôle fondamental et irremplaçable dans cette élaboration souvent difficile de la violence adolescente. Les parents doivent à leur tour survivre aux attaques destructrices des adolescents, comme nous l’a suggéré D.W. Winnicott, pour que ces derniers puissent surmonter la culpabilité qu’entraîne leur propre énergie destructrice.

Lorsque les parents sont attaqués par leurs adolescents, s’ils se sentent menacés, ils induisent le sentiment que ces attaques sont irréparables, ce qui augmente sensiblement la culpabilité inconsciente des adolescents. On observe ce phénomène chez les parents battus qui ne peuvent contenir la destructivité de leurs enfants et qui, par leur effondrement, l’encouragent. Cette position parentale masque l’impossibilité pour ces adultes à s’identifier à une fonction parentale. La violence de l’adolescent exprime dans ce cas celle que les parents n’ont pu manifester à l’égard de leurs propres parents. La violence de l’adolescent vise les grand-parents (le plus souvent paternels), comme si l’opération symbolique du meurtre du père n’avait pas eu lieu à la génération précédente, comme si la violence pubertaire des parents n’avait pu ni s’exprimer ni s’élaborer. La violence de l’adolescent commémore en l’agissant, en la rendant manifeste, celle que les parents n’ont pu vivre à l’égard de leurs propres parents. En agressant leurs parents, ces adolescents cherchent à explorer une voie différente que celle que leurs parents ont empruntée. Ils reprennent à leur façon la question insuffisamment élaborée psychiquement par leurs parents, espérant peut-être rencontrer chez eux un soutien narcissique dans leur expression violente, signe de leur capacité à les affronter, ce que les parents n’avaient pas pu faire avec leurs propres parents.

Les objets externes, les parents notamment, ont donc une importance de premier plan. Supports de l’opération de quête de sens d’un vécu dépersonnalisant, ils sont aussi objets de projection de la haine nécessaire à la constitution d’un espace de pensée autonome. On ne s’étonnera donc pas qu’ils soient fortement sollicités et souvent ébranlés dans le double registre de leur rôle de soutien narcissique de l’adolescent d’une part et de celui de cible de son agressivité, d’autre part. La violence de l’adolescent les visera d’autant plus que les espaces de pensée seront confondus. Cette confusion a des conséquences dans la mesure où le vécu fantasmatique de l’adolescent rencontre une sorte de réalité avec l’effondrement dépressif des parents, leur état de détresse, ou leur contre-violence. Avoir pu expérimenter la colère parentale, la fonction de limite et de pare-excitations qu’elle peut représenter, offre à l’enfant (et à l’adolescent) la meilleure chance de pouvoir à son tour contenir sa propre violence.

Le soutien narcissique parental constitue en effet le meilleur moyen pour permettre aux adolescents de lutter efficacement contre leur propre tendance à la destruction, contre les projections paranoïaques. Mais ce soutien narcissique parental inclue la capacité des parents à offrir à leurs enfants un support à leur agressivité. C’est ainsi que le conflit avec les objets externes peut naître et progressivement s’intérioriser, reprenant le chemin des voies d’élaboration des conflits de l’enfance, puisant dans les nouvelles possibilités qu’offre le conflit œdipien pubertaire. Je souligne ici la nécessité pour l’adolescent de se confronter à l’adulte pour se construire. L’art d’être parent étant de pouvoir s’offrir comme objet de résistance dans cette confrontation, sans y contre-réagir, sans devenir violent à son tour, ce qui, dans ce cas, légitimerait aux yeux de l’adolescent lui-même une violence qui ne saurait l’être.

Il arrive, comme dans le cas des parents qui ne peuvent résister à la violence de leurs enfants, que les adultes ne parviennent pas à adopter cette position de soutien narcissique. Dans ces cas, les parents (ou éducateurs) contre-réagissent à la violence de l’adolescent, démissionnent, ne pouvant soutenir la confrontation avec lui. Parfois aussi, ils ont peur face à cette violence. Quelques soient les raisons qui conduisent ces adultes à ne pas pouvoir occuper cette position de soutien, il convient qu’ils puissent reconnaître la limite qu’ils ont atteint et qu’ils acceptent aussi de demander de l’aide à des tiers dont c’est le métier, dont c’est la compétence. Reconnaître sa limite vaut mieux que de se cacher à soimême la difficulté. En ayant recours à l’aide d’un tiers, l’adulte pourra ainsi aider en retour l’adolescent. Dans ces conditions, la fonction de soutien narcissique parental peut continuer à s’exercer.

La fonction maternelle intériorisée

La violence ordinaire contenue dans un corps pubère changeant, se métamorphosant, va être progressivement assimilée par l’adolescent grâce à ce que l’on pourrait appeler la fonction maternelle intériorisée, fonction qui lui permet de procéder à un « accordage adolescent » pour intégrer le corps pubère en lui, dans une nouvelle unité psyché-soma. Cet accordage adolescent établit une distance harmonieuse, comme l’accordage affectif du couple mère/enfant. Mais, à l’adoles-cence, le mouvement n’est plus dans la prise de distance, dans l’éloignement mère/enfant, mais dans le rapprochement, l’unification ou l’intégration. Ce mouve-ment de (ré)intégration du corps pubère s’accomplit malgré la violence qui lui est attribuée, dans la mesure où la fonction maternelle a pu être intériorisée dans l’enfance. Cette fonction offre à l’adoles-cent, au moment de l’effraction pubertaire, les moyens d’accompagner psychiquement cette mutation physiologique, dont la violence est, en elle-même, source de traumatisme. Cette fonction d’intégration de la nouveauté pubertaire, si violente soit-elle, permet donc habituellement la réappropriation de l’objet génital (le corps pubère). La violence de l’effraction est ainsi métabolisée.

Lorsque la fonction maternelle n’a pas été intériorisée dans l’enfance, du fait d’un « traumatisme par carence », à l’heure où les assises narcissiques, fragiles, sont attaquées par la violence de l’objet génital, le mouvement de réappropriation du corps pubère est contrarié, voire entravé. La violence de l’effraction pubertaire n’est ni endiguée, ni élaborée ; le traumatisme pubertaire ordinaire devient pathologique, la violence attribuée à l’objet génital continuant à s’exercer dans des attaques menaçantes. L’adolescent vit son propre corps comme un persécuteur qu’il faut tenir à distance, au prix de clivages et de dénis, semblables à ceux que l’on observe dans la clinique des anorexies mentales. L’influence de l’objet est telle que l’adolescent doit parfois recourir à une contreviolence, dont les conduites automutilantes offrent une bonne illustration. L’objet génital demeure un ennemi dont la violence justifie celle que l’adolescent déploie pour tenter de la contrer. Ce qui est, un peu trop rapidement peut-être, qualifié d’autodestruction s’inscrit dans un mouvement d’autodéfense. Le travail d’élaboration de la violence liée à l’événement pubertaire, confronte l’adolescent à la nécessité d’une interprétation. Il se fait interprète en quête de sens, comme dirait P. Aulagnier, devant puiser dans son expérience infantile pour trouver les ressources suffisantes à cette opération symbolisante.

La violence intra familiale du parricide au fratricide14

Pour S. Freud15, le meurtre fondateur de la culture est un parricide, – la famille trouvant son origine dans ce meurtre –. Mais le premier crime sanglant dans l’histoire du monde, du moins telle qu’elle est rapportée dans le Livre de la Genèse, est un fratricide. Caïn tue Abel, son frère cadet, sans un mot ; acte furieux, acte de jalousie. Abel meurt, sans un mot, victime innocente. C’est un dialogue de sourds! Le scénario se grave dans la mémoire de l’homme comme s’il y avait d’un côté la haine et de l’autre l’amour. La haine, c’est toujours celle de l’autre, comme la violence ; l’innocence, c’est toujours la sienne.

Caïn et son frère Abel sont les deux premiers vrais humains, enfants d’humains et non créatures « directes » de Dieu. Ils symbolisent la nécessaire imperfection de l’homme, son côté boiteux (souvenir de la lutte de Jacob avec l’Ange), ils rappellent la faute des parents, marquée du désir, de l’envie. Ce sont Caïn et Abel qui ont fait d’Adam et d’Ève des parents, des êtres qui ne mangent pas des fruits de l’Arbre (littéralement, qui ne tuent pas leurs enfants, le fruit de leur descendance). Être parents, c’est reconnaître ses enfants, les compter, les dénombrer, les inscrire dans le livre de la généalogie. Adam et Ève marquent la coupure d’avec l’avant, temps du paradis, perdu mais à venir, à retrouver. Temps mythique de l’Eden, âge d’or dont il ne reste que le récit parental et qui échappe au temps dans lequel vivent les enfants.

Yahvé dit à Caïn : « Où est ton frère Abel ? » Il répondit: « Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère ? » Yahvé reprit : « Qu’as-tu fait ! Écoute le sang de ton frère crier vers moi du sol ! Maintenant, sois maudit et chassé du sol fertile qui a ouvert la bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. Si tu cultives le sol, il ne te donnera plus son produit : tu seras un errant parcourant la terre ». Alors Caïn dit à Yahvé : « Ma peine est trop lourde à porter. Vois! tu me bannis aujourd’hui du sol fertile, je devrai me cacher loin de ta face et je serai un errant parcourant la terre : mais, le premier venu me tuera ! » Yahvé lui répondit : « Aussi bien, si quelqu’un tue Caïn, on le vengera sept fois », et Yahvé mit un signe sur Caïn, afin que le premier venu ne le frappe point. Caïn se retira de la présence de Yahvé et séjourna au pays du Nord, à l’orient d’Eden.16

C’est à l’Est d’Éden, là où désormais Caïn est condamné à vivre, qu’Elia Kazan17 campe l’histoire de deux frères, un bon et un maudit, en lutte fratricide. James Dean incarne le rôle « d’un fils qui tente de faire plaisir à son père qui le désapprouve »18, tandis que le « bon fils » essaie de priver son frère de l’amour paternel. Dans cette transposition moderne, et libre, du récit biblique, l’auteur a voulu communiquer sa sympathie pour le « mauvais fils » ; il a voulu nous rendre sensibles au destin d’un fils maudit. Le film de Kazan est un hymne à la compassion et à la compréhension de la souffrance ; il est dédié à tous les Caïn, à tout ce qui, en chacun de nous, est notre part intime incarnée par Caïn.

Dans la Bible, la faute d’Adam et Ève doit être considérée comme terrible, (peut-être s’agit-il, comme nous l’indiquions plus haut, de la tentation de l’infanticide) puisqu’elle est à l’origine de la colère de Yahvé et de sa décision de les chasser du paradis. Que dire alors de celle de Caïn, sinon qu’elle est pire encore (Caïn dit à Yahvé: « Ma peine (faute) est trop lourde à porter »), puisqu’il a commis un meurtre. Mais de qui pouvait-il apprendre la gravité de son geste ?

La faute s’installe avec l’instauration des générations: les parents transmettent à leur descendance un héritage matériel, spirituel, moral. Adam et Ève transmettent à leurs enfants le goût pour la possession de la terre, puisqu’ils ont été condamnés au labeur par Yahvé, et le goût pour le culte du Créateur, en souvenir du Jardin d’Èden, à jamais inaccessible pour les enfants. Ils transmettent avec eux une série d’énigmes qui se sont constituées au cours de leur propre vie sans qu’ils aient pu toujours en trouver le sens. Les enfants héritent de ces messages étranges qui vont gouverner leur vie et se transmettre à leurs propres enfants. Chaque génération trouve des voies, des aménagements, des débuts de solution à ces énigmes; mais elle rencontre aussi des impasses. Dans la Bible, les grands mythes ou les légendes, ce sont les malédictions qui s’abattent sur les héros et leur descendance, les oracles qui prédisent le destin des enfants à venir. Par leur caractère magique et leur origine divine, l’enchaînement fatal (fatum) de ces destinées masque souvent le fait que ce sont les humains qui organisent malgré eux cette fatalité tragique de la répétition. Avant même que ne naisse Laïos, père d’Œdipe, les membres de sa famille (les Labdacides) se battaient entre eux. Laïos, en commet-tant la faute qui allait entraîner sa mort, ne fait que rejouer une des scènes de cette tragédie qui court à travers les générations. Le parricide d’Œdipe est précédé du vœu infanticide de Laïos. Après le double crime d’Œdipe, ses enfants, Etéocle et Polynice, se déchirent entre eux dans une lutte fratricide pour la conquête du pouvoir, perpétuant ainsi la malédiction proclamée par l’oracle à l’encontre de Laïos et de sa descendance. Racine, ne concluait-il pas la préface à sa Thébaïde par ses mots: « je suis persuadé que les tendresses ou les jalousies des amants ne sauraient trouver que fort peu de place parmi les incestes, les parricides et toutes les autres horreurs qui composent l’histoire d’Œdipe et de sa malheureuse famille »19.
Le fratricide est au fondement de la généalogie, de l’établissement des liens de filiation. Révélant ce qui s’agit entre les enfants (adolescents sans doute plutôt qu’enfants) mais qui appartient à la génération des parents (vœux infanticides), le fratricide permet de penser la rivalité fraternelle autrement que dans le registre œdipien. L’agir fratricide ferait écho à un vœu de mort inconscient émanant des parents. L’interdit fondamental est peut-être autant à chercher du côté de l’interdit du cannibalisme que de celui de l’inceste : tu ne mangeras pas des fruits de l’arbre peut s’entendre dans la Genèse comme tu ne mangeras pas tes enfants. Ce n’est qu’après le fratricide de Caïn sur Abel que l’enfant d’Adam et d’Ève compte pour un. Ce n’est qu’avec Seth que commence à se penser une généalogie humaine. Comme s’il avait fallu que les géniteurs reconnaissent que l’enfant compte pour eux, pour qu’ils deviennent parents et que commence enfin la généalogie humaine.

Conclusion

Nous avons souvent tendance à considérer aujourd’hui que notre société est violente. En réalité, le niveau de la violence que l’on observe, –par exemple dans le nombre de jugements et de condamnations pour crimes, coups et blessures, meurtres –, est en constante diminution depuis plus d’un siècle (aujourd’hui le taux de violence ainsi enregistré est trois fois moins élevé qu’il y a cent ans). Notre société est plus intolérante à l’expression de la violence qu’auparavant ; c’est vraisemblablement le prix à payer pour notre évolution. La part qui revient à la jeunesse dans cette délinquance est relativement faible, même si l’on observe depuis environ une vingtaine d’années une légère augmen-tation des délits et de la violence des mineurs. On notera aussi que cette violence s’exerce de plus en plus tôt. Mais la délinquance structurée chez les mineurs est assez faible, évaluée à moins de 10 % de l’ensemble de la délinquance (occasionnelle) des mineurs. C’est pourquoi il convient de distinguer la violence pathologique, celle qui s’exerce contre les biens et les personnes, de façon répétitive chez certains sujets, violence délictueuse pouvant entraîner des conséquences médico-légales, de la violence ordinaire, plus banale et plus fréquente que la première.

L’adolescence est violence par la nouveauté de l’événement pubertaire, source potentielle de traumatisme chez l’adolescent. En fait, c’est la sexualité qui fait traumatisme de façon plus générale chez l’humain, l’adolescence posant le problème d’une manière plus bruyante. Ce caractère traumatique peut s’observer dans le nombre très élevé des accidents (essentiellement de la circulation) dont sont victimes les adolescents (surtout les garçons). Chaque année, 1 adolescent sur 4 consulte en médecine à la suite d’un accident. Mais c’est bien sûr dans les tentatives de suicide qui sont faites à cet âge que se mesure encore plus le caractère traumatique de cet événement pubertaire, puisqu’il existe deux pics statistiquement observables en matière de tentative de suicide, celui de l’adolescence (14-20 ans) et celui de la vieillesse (plus de 65 ans) ; les personnes âgées « réussissant » mieux leurs tentatives que les adolescents qui, eux, généralement les ratent. Facteur de traumatisme, de risque, l’adolescence apparaît comme une période de fragilité particulièrement intense sur le plan narcissique. Les attaques contre le corps propre sont nombreuses, non seulement dans les conduites suicidaires avérées, mais aussi dans les troubles des conduites alimentaires (anorexies – boulimies, 95 % de ce type de pathologie concerne les adolescentes), les toxicomanies, les conduites dites « à risque », qui, elles, concernent davantage les garçons.

Cette énumération ne doit pas servir d’épouvantail ; il ne s’agit pas de « pathologiser » ce qui ne doit pas l’être. D.W. Winnicott ne disait-il pas que l’adolescence est une expérience à vivre ? Il s’agit plutôt ici de montrer que si violence et adolescence sont souvent associées, c’est pour faire entendre que l’adolescence est une violence qui s’exerce contre les adolescents eux-mêmes, adolescence dont ils se sentent parfois la victime. Si l’on peut admettre une telle réalité psychologique, alors nous serons dans des dispositions différentes vis-à-vis des adolescents, surtout dans des situations où le risque de l’explosion de la violence agie est important. En effet, si les adultes peuvent se représenter les adolescents comme des personnes fragiles qui se sentent eux-mêmes menacés et qui, pour se défendre contre ce sentiment de menace se font parfois menaçants, la confrontation avec eux se fera sur d’autres bases.

Les propositions concernant la violence et son traitement vont toutes du côté de la nécessité de maintenir et d’entretenir un lien de parole entre adultes et adolescents, même dans la confrontation, dans l’opposition. Cette confrontation est parfois nécessaire, comme est nécessaire le fait que l’adolescent sente que l’adulte tient bon, qu’il reste à sa place, dans le respect de son interlocuteur (respect, maître mot qui revient souvent chez les adolescents tentés de recourir à la violence pour se protéger contre un sentiment d’injustice et de manque de considération de leur position de sujet).

Ces propositions sont fondées sur le fait que les adultes ont le devoir d’aider leurs enfants à passer ce cap ; les adolescents sont l’avenir de la société. Cette solidarité entre les générations est une position éthique qui instaure un compagnonnage entre les générations qui permet de transmettre ce que la vie elle-même exige des êtres humains, à savoir la nécessité pour l’homme de symboliser la violence, de la représenter pour la sublimer et la mettre au service de la culture.
Aider, dans le lien de parole, les adolescents à pacifier leur propre expérience de violence interne, à élaborer psychiquement ce qui vient faire excès, n’est-ce pas une façon de prévenir la violence, une façon de leur permettre de trouver des alternatives à la solution trompeuse de la projection de la violence sur le monde externe ?

Références bibliograhiques

1 Bergeret J., La violence fondamentale, Paris, PUF, 1984.

2 Cf. Freud S., 1911, « Formulations sur les deux principes du cours des événements psychiques », in Résultats, idées, problèmes, Paris, PUF, 1984, p. 135-143. S. Freud y distingue le principe de décharge (plaisir) du principe de différé (réalité).

3 La psychopathie, définie par Diatkine G. et Balier C., « n’est ni une maladie dont il faut faire l’inventaire des signes et les décrire, ni un trouble de la personnalité que l’on ne peut guère qu’observer, mais un mode particulier de faire face à la tension psychique en évitant l’élaboration mentale par des réponses agies au détriment de l’élaboration mentale », in Nouveau Traité de Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, T II, Lebovici S., Diatkine R., Soulé M., Paris, PUF, 1995, p. 1363-1411.

4 Freud S., 1912, Totem et Tabou, Paris, Payot, 1976.

5 Mongin O., La violence des images, Paris, Seuil, 1997.

6 Atlan H., « Le plaisir, la douleur et les niveaux de l’éthique », in Journal international de bioéthique, 1995, 6, pp. 53-64, Hors Série.

7 Bourguignon A., « L’homme imprévu », in Histoire naturelle de l’homme, Paris, PUF, 1989, T 1.

8 Stern D., Le monde interpersonnel du nourrisson, Paris, PUF, 1990.

9 secondes Freud décrit le processus de l’effraction: « des excitations externes assez fortes pour faire effraction dans le pare excitations », in, (1923), Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 1981, p. 72.

10 A propos de la névrose traumatique grave, S. Freud évoque l’ébranlement mécanique: « C’est dans cet ordre d’idées que nous devons chercher l’explication du fait que l’action combinée de l’épouvante et de l’ébranlement mécanique engendre l’hystérie traumatique grave », in Freud S., (1905), Trois essais sur la théorie de la sexualité, Paris, Gallimard, 1962, p. 101.

11 Cf. Coslin P. G., Les adolescents devant les déviances, Paris, PUF, 1996.

12 Cf. Jeammet P., « Réalité externe et réalité interne. Importance et spécificité de leur articulation à l’adolescence », in Revue Française de Psychanalyse, 1980, 3-4, p. 481-521.

13 Cf. Winnicott D. W., 1968, « Concepts actuels du développement de l’adolescent: leurs conséquences quant à l’éducation », in Jeu et réalité, Paris, Gallimard, 1975, p. 190-207.

14 J’ai développé cette question du fratricide dans les mêmes termes dans le numéro de Juin/juillet 1999 de la revue Enfances et Psy (à paraître).

15 Freud S., (1912), Totem et Tabou, op. cit.

16 Le livre de la Genèse, 1, 4

17 Kazan E., 1955, A l’Est d’Eden, adaptation cinématographique du roman de J. Steinbeck.

18 Ciment M., Kazan par Kazan, Paris, Stock, pp. 198-199.

19 Racine J., 1664, « La thébaïde ou les frères ennemis », Tragédie, in Racine, théâtre complet