Adaptation ou mutation ?
Éditorial

Adaptation ou mutation ?

« Les choses humaines ne commencèrent à aller mieux que quand les idéologues cessèrent de s’en occuper » Renan, Souvenirs d’enfance.

C’était lors d’une action de Formation Médicale Continue, dite obligatoire depuis le 1er janvier 1997. Le thème : Mieux prescrire les psychotropes. Vocation tardive, obligation, mise en conformité ? Du prescripteur besogneux au psychanalyste pur fil, tous étaient intrigués et ambivalents. Or le lendemain, ils se quittèrent ravis !

Que s’était-il passé ? L’expert avait écarté tout consensus. Face à des participants un peu avertis, sa pensée scientifique rigoureuse se refusant à tout empiètement épistémologique, opéra son juste effet de rassurement. Chacun avait son « espace pour la pensée » en appui avec un processus identifié, frère et différent. Ceux qui avaient redouté une emprise se trouvèrent confrontés à la rigidification de leurs outils thérapeutiques érigés en idéologie se soutenant de sa psalmodie. Plus tard sans doute, les prescripteurs ordonnèrent avec plus de pertinence, et les psychanalystes -un temps rappelés à la nostalgie tentatrice d’une identité bio-médicale toute puissante- purent en continuer le deuil.

Ainsi une Formation Médicale Continue pour la transmission d’une pensée vive serait possible. Ce ne serait pas une adaptation opportune mais, par la relance de ce qui en chacun fait idéologie, une mutation dynamique : l’ouverture à la vraie pensée scientifique que nous devons à nos patients.