Explosion de la prévalence des TDAH : Neuro-cognition contre psychopathologie, où va la pédopsychiatrie ?
Il y aurait donc une « épidémie » : la prévalence des diagnostics de TDAH est aujourd’hui explosive, envahissante, exponentielle ! De plus, lesdits diagnostics se trouvent écrasés dans la seule mesure de la surface comportementale et neuro-fonctionnelle mésestimant, voire scotomisant totalement, la profondeur et la diversité des fonctionnements psychiques respectifs et des économies subjectives sous-jacentes, familiales et historiques, différentielles pour chacun des jeunes patients qualifiés de TDAH et « ritalinisés » dans les plus brefs délais. Ce phénomène est impressionnant et a des conséquences assez désastreuses… Que dire de l’handicapologie induite et étendue qui devient un modèle (le seul modèle) quand l’on mesure que tous ces enfants relèvent dès lors de la MDPH, de rééducations neurocognitives et comportementales et plus du tout de soins psychiques.
À cet égard, le contexte est comme toujours déterminant, et il nous faut constater que le cadre dans lequel se déplie cette épidémie de TDAH – celui de la psychiatrie de l’enfant – est plus que préoccupant et directement déterminant. La pédopsychiatrie est aujourd’hui moribonde, exsangue, au bord de l’abîme (pénurie de moyens et de personnels, destruction du service et des missions publiques, voire de l’idée même des secteurs, new managment, diktats des nouvelles préfectures de santé – Agences régionales de la santé (ARS), ministères, tutelles, et HAS – nouvelles orientations et formations, hégémonie impérialiste des perspectives cognitivistes, comportementalistes et médicamenteuses, politique ultralibérale dite de santé mentale), à tel point que l’on pourrait parler ici – en matière de soin psychique et de psychopathologie de l’enfant – d’une sédation profonde et continue jusqu’au décès ! L’enjeu, en rappelant ce contexte, n’est pas uniquement d’aller du seul côté des souffrances d’équipes (Joly, 2024)…