Introduction
L’École de Palo Alto et l’approche systémique ont un lien étroit avec le mouvement de la thérapie familiale. Dès que des psychiatres et des psychanalystes ont commencé à recevoir des familles – au milieu du xxe siècle –, ils ont éprouvé le besoin de compléter leurs modèles thérapeutiques avec d’autres références conceptuelles. En effet, les corpus théoriques de la psychiatrie, de la psychanalyse et de la psychologie clinique étaient alors fondamentalement consacrés à la psychologie individuelle et à l’intrapsychique. Or, la thérapie familiale implique un saut épistémologique consistant à centrer la thérapie sur les relations et le système familial, plus que sur les individus eux-mêmes. De façon schématique, on pourrait avancer que, dans la thérapie familiale, le patient n’est plus l’individu, mais la famille. Or, il est malaisé d’appréhender le fonctionnement d’une famille seulement au moyen de concepts conçus pour décrire la psyché individuelle. C’est pourquoi la théorie de la communication et des systèmes a connu un grand succès auprès des thérapeutes familiaux, qui y ont trouvé des concepts applicables à ce champ clinique. Encore insuffisamment enseignée en France, dans les formations initiales des psychologues et des psychiatres, l’approche systémique apporte aux cliniciens de nombreux concepts utiles pour penser les phénomènes relationnels comme l’homéostasie, la coalition, la triangulation, la parentification, le conflit et le clivage de loyauté, la délégation, l’isomorphisme, la projection familiale, la partialité multidirectionnelle, la double contrainte, l’escalade symétrique, la métacommunication, la partialité multidirectionnelle, etc. (Dupont, 2022a).
L’apport de Gregory Bateson. Appréhender la famille comme une tribu
Le fait que l’École de Palo Alto ait été fondée par un anthropologue, Gregory Bateson (1904-1980), a sans doute eu un impact significatif sur la créativité de ce…
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