Recevoir une famille en institution de soin ne va pas toujours de soi. Le lieu de soin est, la plupart du temps, exclusivement pensé pour le patient. Il arrive que les parents soient reçus pour « faire le point », « mettre en place un programme de soins », mais plus rarement pour écouter la famille en souffrance dans ses liens. Et pourtant, les troubles qui affectent le patient s’expriment souvent dans le cadre familial, mettant à nu un équilibre précaire, celui-là même qui permet à chacun de ses membres, de tenir ensemble.
Des familles et des institutions
La rencontre entre une famille et une institution est une rencontre de groupe à groupe. La famille est un groupe spécifique, une configuration de liens, intrapsychique, inter et trans subjectif, qu’un appareil psychique groupal (Kaës, 1993, p. 85) a pour fonction de contenir, articuler, métaboliser. Ce qui caractérise une famille, au-delà des liens de filiation, d’alliance et de fraternité, de sa mission de transmission, c’est l’image qu’elle se constitue d’elle-même, de son histoire. La fonction mythopoïétique (Granjon, 2006, p. 53) permet à chacun de ses membres d’élaborer son roman familial et de se sentir appartenir à ce groupe-là. Une famille a sa propre organisation, ses codes, son idéologie et s’enrichit comme elle se protège, des éléments issus de l’extérieur (le social). Lorsque la pathologie vient effracter l’enveloppe familiale déjà ébréchée, la culpabilité, la honte, amènent le groupe à se replier dans un mouvement isomorphique, provoquent des ruptures catastrophiques, génèrent de la violence jusqu’à un appel à l’aide ou un signalement adressés à une institution.
L’institution n’est pas qu’organisation
L’institution n’est pas un monolithe abritant des techniciens en blouse blanche, outillés de…
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