La présence est un phénomène complexe à conceptualiser chez le profane comme chez l’analyste clinicien. Alors que le projet initial de ce dossier excitait ma satisfaction de travailler une notion peu présente dans la littérature psychanalytique, s’ensuivit une période de doutes où mille thèmes et directions s’ouvrirent à ma pensée. S’agissait-il de privilégier l’étude de la présence à soi, de la présence de l’autre, ou de tenter de concevoir comment deux présences étrangères sont susceptibles d’entrer, ou non, en contact ? Enfin, comment analysant et analyste en viennent-ils à éprouver ou sentir les différentes qualités de la présence dans le lien transférentiel ? À ces questions, s’en ajoutait une autre, plus redoutable encore : comment rendre compte d’une présence avec des mots ? La présence semble effectivement utiliser un autre langage que les mots pour se manifester ou se dérober. Elle s’éprouve davantage qu’elle ne se parle, nous agit davantage que nous la maîtrisons, comprenons ou la saisissons intellectuellement. Serait-ce d’ailleurs les raisons pour lesquelles cette notion se trouve conceptuellement si peu étudiée par la psychanalyse ? Et pourtant, à la façon d’un rêve, elle peut apparaître, nous habiter, faire son œuvre, avant de se dérober. Ce travail propose d’aborder comment, dans les différents types de traitements psychiques dont nous sommes garants, nous en venons à éprouver les variations des qualités de notre présence dans l’écoute.
Échos de la notion de présence dans la littérature postfreudienne
La littérature consacrée à l’étude de l’auto-érotisme oriente les différentes conceptualisations en s’attardant davantage sur la notion d’absence que sur la notion de présence. Pourtant, le concept freudien d’auto-érotisme aborde à sa façon les différentes modalités d’agencement entre présence et absence en donnant la possibilité de découvrir combien les jeux et les mouvements de…
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