Clivages : une urgence ?
Éditorial

Clivages : une urgence ?

Par sa redoutable efficacité, le piège du terrorisme semant l’insécurité impressionne. S’enracinant dans le déni de notre histoire coloniale, la menace d’amalgame entre musulmans et islamistes néofascistes en est la figure de proue. Le rassurant sursaut de la marche républicaine du 11 janvier n’oblitère pas les incidents dans les écoles de la veille provoqués par les « récalcitrants » à la minute de silence. Sur le réseau social Tweeter, la confrontation des scores des hashtags « je suis Charlie » et « je suis Kouachi » en est un bon marqueur. Entre Europe et Asie, la publication le 14 janvier à Istanbul du journal Cumhuriyet (La République) d’extraits de Charlie-Hebdo et la manifestation deux jours plus tard autour de la mosquée de Fatih de proches d’ Al-Qaïda pour honorer Chérif et Saïd Kouachi, illustrent bien la ligne de front au sein même de la communauté musulmane entre laïcité et fondamentalisme islamiste. C’est bien des avatars du clivage dont il s’agit ici. Et pour nous, cliniciens, ces cassures individuelles et collectives, structurelles ou fonctionnelles sont notre lot quotidien. Souhaitons que cette expérience favorise notre engagement dans un véritable débat public sur l’école et les jeunes déshérités de la République perdus entre délinquance et destructivité du djihad.