Ma formation à la consultation thérapeutique parents/bébé avec le pionnier Serge Lebovici m’a permis de développer, chemin faisant, une réflexion originale sur les consultations thérapeutiques anténatales. L’extension de nouveaux dispositifs en psychanalyse repose avant tout sur des processus identificatoires générationnels. Pour en donner ici un tableau synthétique et vivant, qui mette essentiellement l’accent sur ce que Lebovici nous a appris et que je souhaite tenter de maintenir vivant et transmettre, je vais en aborder deux aspects originaux dont on trouvera un développement plus exhaustif dans mon ouvrage La Consultation thérapeutique périnatale (Missonnier, 2003).
L’héritage de Winnicott
Dans le bureau de Lebovici à Bobigny, le portrait du pédiatre-psychanalyste anglais se trouvait en bonne place et il ne manquait jamais d’en évoquer la mémoire vive et l’héritage. Parmi ses nombreuses références à Winnicott, je n’en retiendrai ici que deux, particulièrement saillantes : la métaphore du miroir du regard maternel et les « moments sacrés ».
Pour Winnicott (1971), le bébé tenu dans les bras de sa mère regarde surtout son visage ; Lebovici (1985, p. 1308) accordait beaucoup d’importance à notre compréhension du fait qu’un bébé « qui regarde sa mère voit ses yeux et sa mère le regarder en train de le regarder ». Dans ce processus comportemental, affectif et fantasmatique réciproque, le bébé se découvre dans le visage de sa mère et, simultanément, la mère se découvre mère. Lebovici (1985) considérait ce segment de l’œuvre de Winnicott comme une « allégorie de valeur emblématique et paradigmatique [qui] nous conduit à nous interroger sur l’origine de son activité, c’est-à-dire de la nature de son Soi ». La genèse de ce Soi, directement inspiré du Self de Winnicott, signe la naissance de sa première rencontre avec la représentation. Ce…
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