En partant de sa Conférence d’introduction à la psychanalyse pour la Société psychanalytique de Paris, Sylvie Pons-Nicolas interviewée par Sophie Martineau, revient sur la crainte de l’effondrement.
Bonjour, Sylvie Pons-Nicolas, pour nous aider à comprendre la crainte de l’effondrement, pouvez-vous nous rappeler la base du processus d’individuation dans la théorie de Winnicott ?
Pour Winnicott (1975), l’individu hérite d’un processus de maturation qui lui permet d’aller de l’avant dans la mesure où son environnement est « facilitateur ». C’est-à-dire, un environnement qui favorise le passage de la dépendance absolue du nourrisson à une dépendance relative et accompagne le processus complexe de séparation Moi/non-Moi, dedans/dehors. Il postule que la mère doit être capable d’autoriser le nourrisson à faire l’expérience de l’omnipotence, c’est-à-dire à croire que tout ce qui est là, c’est lui qui l’a créé en s’appliquant à présenter « le sein » là où il peut le trouver. Les capacités d’ajustement de la mère par la préoccupation maternelle primaire et le holding sont essentielles pour éviter au bébé d’avoir prématurément à faire face à l’imprévisible. En s’identifiant au nourrisson, sans perdre sa propre identité, elle le préserve des empiètements et donc des traumatismes provenant de la réalité extérieure.
Cependant, la tâche ultime de la mère sera de le « désillusionner » au fur et à mesure qu’il peut supporter la frustration pour lui permettre d’accéder au principe de réalité, à une réalité « partagée » dans laquelle l’autre existe en tant que sujet. Grâce à cette désadaptation progressive, le bébé pourra passer d’un état d’union avec la mère à un état où il est en relation avec elle, en tant que sujet séparé. Mais ce processus d’individuation n’est possible que si un espace de transition, aire intermédiaire se…