Il n’est pas nécessairement aisé de se situer pour parler de la psychopathologie aujourd’hui sans prendre en considération le socius au sein duquel elle prend forme et se développe. En l’espace de quelques décennies, le monde a changé : qu’il s’agisse de la pandémie du Covid et de ses confinements successifs, de guerres sur le continent européen, de la banalisation des communications virtuelles, du dérèglement climatique témoignant de la mauvaise santé d’une planète surpeuplée, jusqu’au retour progressif de régimes populistes, totalitaires et autocratiques… le sentiment de continuité d’existence comme celui d’espoir dans l’avenir se trouvent bousculés.
Temporalité de l’immédiateté, confusion et effacement des limites
On pourrait croire à une étrange accélération maniaque de la temporalité au sein de laquelle il devient de plus en plus difficile de prendre le temps pour penser, mais aussi de se réunir autour d’une naissance ou d’une mort. La temporalité de l’immédiateté est bien là, lorsque des siècles de traditions diplomatiques se trouvent réduits en un tweet… Affairé à mille tâches dans une forme de banalisation tachypsychique, quotidiennement bombardé de mails et publicités à profusion, le sujet contemporain semble enclin à agir et à consommer massivement à la hauteur d’angoisses du vide restées plus sourdes. La profusion génère de la confusion. Et avec une connexion internet, le « dehors » s’invite au-dedans. Pour les adolescents, il ne suffit plus de « faire le mur » pour « sortir » : il est désormais possible de jouer aufootball en ligne avec des amis virtuels tout en restant cloîtré dans sa chambre. Difficile aussi d’échanger de vive voix : le collègue de travail que vous venez de croiser dans le couloir vous envoie un mail pour vous inviter à une réunion ou à un dîner. Parler au téléphone à un…
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