Quelques rappels sur la perversion et le sexuel en psychanalyse
Distinguons d’emblée la perversion de la perversité, notion à laquelle se réfère la perversion narcissique.
La perversité est un trouble de la personnalité, dont la sexualité n’est ni perverse ni transgressive. Notre but ici n’est pas de faire une recension, ni un commentaire de tous les textes¹ de Freud et de ses successeurs mais de rappeler les éléments majeurs, pour tenter de comprendre le lien entre perversion et narcissisme d’une part, et la perversion narcissique d’autre part.
Alors que, dans la perversion, le sujet a recours à une pratique sexuelle, parfois exclusive pour arriver à la jouissance, le partenaire n’est qu’un simple instrument au service de la satisfaction. Le sadisme, la cruauté, la violence, le rabaissement de l’autre, imprègnent souvent les scénarios pervers. L’acte pervers est souvent gratuit, autocentré, son seul but est la jouissance du sujet au détriment de l’autre. Ainsi le viol est-il un déni total de l’altérité de la victime, ce qui redouble le traumatisme pour cette dernière.
Claude Balier (1996) préfère le terme d’organisation perverse à celui de structure, distingue ce qu’il appelle « la perversité sexuelle » de la perversion proprement dite, réservant le premier terme aux cas où la perversion « passe au service de la violence », alors que la perversion, nous l’avons vu, vise à l’intégrer. Par ailleurs, chez le pervers, le préconscient est écrasé et s’il y a de la place pour le scénario pervers, qui doit être agi rapidement, il n’y en a pas pour la rêverie et la pensée. Le fantasme devient l’équivalent d’un scénario à agir, et non pas une activité qui permet la voie…