Talitha a 7 ans. Elle évolue dans une agitation permanente, présente d’importants troubles du sommeil, est décrite comme « explosive et violente » (insulte ses proches, fugue, casse les objets…). L’école est démunie et ses parents épuisés. Elle est suivie pour ces symptômes depuis l’âge de 3 ans. Les cinq pédopsychiatres et psychologues qu’elle a rencontrés n’ont jamais interrogé ses parents sur leurs histoires, leurs familles, leur mode de vie et leurs dispositions psychiques passées et actuelles. En revanche, plusieurs tests cognitifs et attentionnels lui ont été administrés. Tous ont affiché des résultats normatifs et ont fini par délivrer cette énigmatique conclusion : « nous hésitons entre un TSA et un TDAH ». Ce « diagnostic flottant » a donné lieu à un suivi individuel hebdomadaire en psychomotricité pour « gérer ses émotions » et à son inscription dans un « groupe d’habiletés sociales » en CMP, mais ses parents n’ont jamais été mis au travail d’une quelconque façon, et aucun progrès ne s’est jamais dessiné au fil de ces quatre longues années de prise en charge. Avant de la recevoir, je découvre l’origine biblique du prénom Talitha¹ : dans l’Évangile, il ferait référence à une fillette de 12 ans déclarée morte et ressuscitée par Jésus en disant « Talitha koum » signifiant « Jeune fille, lève-toi » en araméen.
Je reçois des parents aimants et désireux de comprendre quelles souffrances traversent leur enfant. Talitha est agréable, elle décrit parfaitement ses difficultés, mais est effectivement très agitée et son regard tout autant que le lien avec elle m’apparaissent constamment interférés par des préoccupations qui font régresser son discours (craquées verbales) et l’empêchent de prendre plaisir aux sollicitations (relationnelles, à penser…). Lors de l’entretien préliminaire, j’interroge comme je le fais systématiquement : la liste des symptômes de l’enfant, son quotidien du lever au coucher (avec son attitude au…
Déjà abonné ?
Les abonnements Carnet Psy