Introduction
Le thème de ce dossier interpelle des points fondamentaux de la pratique analytique contemporaine, principalement sa fonction thérapeutique et l’aménagement de ses dispositifs. Mais de quel soin, de quelle maladie, de quelle guérison s’agit-il ? Nous sommes tous les héritiers de Freud, sur le chemin d’une transmission qui nous permet de poursuivre sa réflexion et de mettre au travail les outils conceptuels face à l’élargissement du champ clinique. D’emblée apparaît la question de l’articulation entre la maladie, le soin, la guérison. Contrairement au modèle médical qui, à partir du symptôme se donnant à voir, identifie la maladie, établit un diagnostic et un programme de soin qui aura des effets de guérison directement objectivables, le modèle analytique s’intéresse à la psyché, aux fantasmes, aux réminiscences, aux entraves à la représentation et à la pensée. L’analyste s’en va à la recherche des blessures de l’âme qui plongent leurs racines dans l’inconscient et tente, grâce à un long travail, de les mettre en sens et en paroles. « La psychanalyse est née comme thérapie, sa croissance est allée bien au-delà, mais elle n’a jamais abandonné son sol maternel et pour son approfondissement et son développement ultérieur, elle est toujours liée à la fréquentation des malades. » (Freud in Nouvelle suite des leçons d’Introduction à la psychanalyse, OCF, XIX). Freud, donc, n’abandonnera jamais le caractère psychothérapeutique bien que sa conception du psychisme aura largement évolué tout au long de son œuvre. Ses modèles théoriques auront subi de profonds remaniements liés à la découverte et à la compréhension progressive de la réalité psychique inconsciente. Celle-ci se constitue en appui sur l’oscillation entre les phénomènes étudiés et la construction des outils méthodologiques qui les traitent. La cure doit être racontée au même titre qu’une expérience qui rend compte d’une…