Note de la rédaction : Cet article, initialement paru dans le numéro 129 du Carnet Psy, a ensuite été remanié pour constituer le chapitre 9 du Manuel de psychologie clinique de la périnatalité (dirigé par Sylvain Missonnier).
Mercredi 17h. Maternité de Versailles.
Je termine une consultation parents/bébé. Louis, le nouvellement né, vient d’être dérangé dans son sommeil par le rhabillage et commence à pleurer avec vigueur. En raccompagnant le trio à la sortie, nous croisons dans la salle d’attente quatre hommes qui attendent sagement le groupe de préparation à la naissance réservé aux « devenant père » que j’anime. Je croise l’œil inquiet de l’un d’entre eux qui observe Louis et ses parents avec une extrême vigilance. On lit dans son regard de « primi-père » mille questions intriquées : « que vais-je donc faire dans quelques mois quand je vais me retrouver avec “ça” dans les bras et dans les oreilles ? Vais-je “parler bébé” et trouver les gestes adéquats avec aisance ou bien échouer ou pire ne pas avoir envie, gentiment… violemment ? » ; « Que va me laisser sa majesté le bébé de ma moitié, mon amante avec qui j’adore aller sans compter au cinéma, au restaurant et en week-end surprise ? » ; « Quelle sera ma réaction quand, au retour du travail avec l’envie de raconter ma journée à ma douce et tendre, je le verrai, lui ou elle, accroché à ses seins nourriciers qui sont mes seins amoureux ? » ; « Et que dire de “ma mère à moi”, “mon père à moi” qui, en se transformant en fringants grands-parents, vont devenir gâteux devant leur tout nouveau “chargé de mission d’éternité” ».
Tout cela dans un regard me direz-vous ? Non, bien plus encore, la liste d’interrogations paternelles est ici seulement esquissée ! Je…
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